Cette semaine, découvrez « Larmes et remords ». Cette fiction fait partie des premiers courts métrages de Guillaume Kondoki qui avait déjà un fort potentiel à l’époque. Rencontre.
Par Céline Latchimy-Irissin.
“Faire ce film était avant tout un pari” avoue Guillaume Kondoki. “Pas un sous, une caméra 7D et deux objectifs, un trépied, du matériel pour la prise de son, et l’essentiel : trois acteurs dévoués et surtout motivés” ajoute-t-il.
OI>Film : Quel a été le point de départ du film ?
J’ai un peu honte de le dire mais c’est une vieille chanson française des années 70 : “Les larmes aux yeux” de Jeane Manson et Christian Delagrange. Je suis tombé dessus par hasard sur Youtube. Je ne saurais le décrire exactement, mais j’avais l’impression de revivre quelque chose en l’écoutant. Il était question de deux êtres que la vie avait séparés et qui se retrouvaient après des années. J’ai tout de suite eu envie de refaire une scène du même genre. B.B. et Mario sont les deux êtres séparés qui se retrouvent dans la chanson. Bien sûr, j’ai dramatisé la situation.
OI>Film : Quelles étaient vos intentions ?
J’ai choisi un personnage qui sortait de prison parce que quelques semaines plus tôt, un dramatique fait divers s’était produit à La Réunion. Une voiture avait fauché six étudiants. Cinq sont morts. Le conducteur était un jeune lui aussi. Quelqu’un sans histoire. Je me suis demandé ce qu’on pouvait ressentir après avoir causé un tel drame. C’est comme ça qu’est né le personnage de Mario. Enfin, j’ai voulu interroger le concept de justice, en suggérant un combat sans fin entre les sentiments et la raison.
OI>Film : Parlez-nous du tournage.
Avec un ami ingénieur du son et moi-même revêtant plusieurs casquettes, nous étions une équipe de cinq amoureux du cinéma en quête d’expériences. Le tournage s’est déroulé pendant 2 jours et demi. Il y a eu plusieurs petites mésaventures : un contrôle de police inopiné, un après-midi tellement venteux qu’il était impossible de tourner. Heureusement, nous avons trouvé une petite crique à l’abri du vent qui nous a finalement permis de tourner la scène. Être une si petite équipe a été par moment éprouvant et il a fallu s’adapter. Les acteurs pouvaient aider à la technique quand ils ne jouaient pas. L’ingénieur du son pouvait aider à la lumière.
OI>Film : Parlez-nous du choix des acteurs.
Didier Mellis et Karima Ghanty n’avaient jamais rien joué avant que je ne leur propose le rôle. Karine Lebon avait quant à elle joué dans des courts-métrages amateurs et au théâtre où elle avait essentiellement des petits rôles. Elle a aussi accumulé beaucoup de figuration sur des fictions qui sont venues se tourner sur l’île. J’ai rencontré Karine et Didier lors d’un atelier d’acteur organisé par l’Agence Film Réunion. Par la suite, ils sont venus au casting d’un film que je voulais faire mais qui s’est révélé trop compliqué à tourner. Quand l’idée m’est venue d’écrire “L’armée des remords”, version longue de “Larmes et remords”, j’ai tout de suite pensé à eux.
En ce qui concerne Karima, elle a répondu à un appel que j’ai lancé pour trouver une présentatrice pour émission de cinéma que je voulais produire. Je n’ai pas eu les moyens de faire cette émission, mais j’ai remarqué la motivation de Karima, et un détail sur son CV a attiré mon attention. Elle a vécu en Angleterre pendant deux ans. Elle avait donc un bon niveau en Anglais, obligatoire pour jouer le rôle de B.B. Tous ont accepté leur rôle avec enthousiasme. Dès les premières répétitions, j’ai été conforté dans mes choix. Didier et Karine ont tout de suite été dans le ton. Karima a fourni un gros travail, car son jeu faisait vraiment amateur au départ. Ses progrès ont été fulgurants.