En 1992, Alain Dufau sort son documentaire « Au nom de l’urgence » sur la reconstruction de la ville de Marseille entre 1945 et 1975. Ses souvenirs, les crises antérieures et actuelles que connaît Marseille… Entretien.
Propos recueillis par Céline Latchimy-Irissin.
Ce désir de faire ce film d’actualité, il l’a eu « pour comprendre toutes ces transformations et les enjeux » précise Alain Dufau. Mais selon ce dernier, une question se pose : « La France a-t-elle payé le coût social de l’immigration ? » Pour l’auteur, la réponse est non. « On fait venir des gens qui ne sont pas nécessairement formés à la langue du pays, qui ne connaissent pas le fonctionnement d’une démocratie… Mais la France a-t-elle fait véritablement des efforts pour permettre aux immigrés, venus pour reconstruire le pays, de s’installer ? L’idée c’était qu’ils resteraient 5-10 ans et qu’ils rentreraient chez eux mais ce n’était pas réellement connaître les différences entre les pays et leur désir légitime de vouloir s’installer et prospérer en France où ils peuvent gagner leur vie. Ça n’a pas été pris en compte du tout » explique le réalisateur de “Parce qu’ils ont tué Ibrahim”.
D’ailleurs, en 1992, « il y avait encore des bidonvilles » précise Alain Dufau. « Le film témoigne des derniers bidonvilles encore existants à Marseille. Depuis, il y a de nouveaux arrivants et de nouveaux bidonvilles qui se sont construits. Ce phénomène d’insertion grâce aux logements précaires se poursuit à Marseille mais aussi dans d’autres villes, en France ou ailleurs« .
Âgé d’une dizaine d’années à l’époque de la reconstruction de la ville portuaire, quels souvenirs garde-t-il ? Son dispositif de réalisation, les conséquences de ces constructions massives, l’arrivée des immigrés à Marseille, la relégation sociale… Alain Dufau nous en parle.
Interview d’Alain Dufau :