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Ciné 974 : les films de l’Océan Indien peu diffusés en salles

Le cinéma de l’Océan Indien est en plein essor. Malgré les festivals de la zone et ceux organisés à La Réunion, force est de constater qu’il existe un manque de visibilité des films locaux. Films réunionnais, films mauriciens, films malgaches, films africains, films comoriens… Alors que les salles de cinéma vont rouvrir le 22 juin, quelle est la place du cinéma indépendant dans les salles de l’île ?

 En plus de ses deux multiplexes (Ciné Cambaie et Cinepalmes), La Réunion compte de nombreuses salles de cinéma aux quatre coins de l’île. Tour d’horizon des salles de cinéma réunionnaises.

Les salles de cinéma à La Réunion

Dans le Nord, en plus du Cinépalmes à Sainte-Marie, on peut citer dans le chef-lieu le “Ciné Lacaze”, “Le Plaza” et “Le ritz.” Les sudistes peuvent compter sur “L’Eden” au Tampon, “Le Plaza” à Saint-Louis, “Le Rex” à Saint-Pierre et “Le Royal” à Saint-Joseph.

Si “Le Grand Écran” de Saint-Gilles a fermé ses portes, les habitants de l’Ouest peuvent, à Saint-Paul, se rendre au “Splendid” ou bien encore au “Ciné Cambaie.” Les Réunionnais de l’Est peuvent se faire un cinéma au “Cristal”, à Saint-Benoît.

Ciné Cambaie et Cinepalmes : deux multiplexes à La Réunion

Pour le plus grand bonheur des cinéphiles, l’île compte deux Multiplexes : le Cinépalmes Sainte-Marie (de la société Investissement et Commerce Cinéma) et le Ciné Cambaie Saint-Paul (du groupe Mauréfilms).

Mais avant d’aller plus loin, un multiplexe, c’est quoi exactement ? Un multiplexe cinématographique est une structure qui compte au minimum huit salles de cinéma réunies en un seul endroit. Il propose au public une grande diversité de films projetés qui sont généralement des films à gros budgets, qualifiés de “blockbusters” ou de super-production. À titre d’exemple, on peut nommer la saga Marvel, Harry Potter, Le Seigneur des anneaux… Soit des films à fort succès populaire.

En terme de multiplexes, en France on peut citer les multiplexes UGC, Gaumont ou encore Pathé. Ils sont prévus pour accueillir un grand nombre de spectateurs, avec des facilités d’accès. Ils sont généralement situés en périphérie des villes avec de grands parkings, ou au cœur des villes.

Un marché rentable où une grande partie des revenus provient de la vente de friandises et de boissons, vendues beaucoup plus chers qu’en commerce.

cinéma multiplexes et salles à La Réunion

Cinepalmes, le plus grand Multiplexe de l’île

Cinépalmes est l’un des deux multiplexes de l’île. Situé à Sainte-Marie à proximité du centre commercial Duparc, il est le plus grand Multiplexe de l’île et le seul équipé en 4K. Il fait partie du réseau Investissement et Commerce Cinéma, dirigé par Frédéric Drotkowski.

Le réseau, souvent appelée ICC, est une entreprise française d’exploitation cinématographique active depuis 1936 sur l’île de La Réunion. Sa principale concurrente dans le domaine de la distribution et de l’exploitation cinématographique est la société MauRéfilms. Le réseau ICC, dirigé par Frédéric Drotkowski, exploite deux cinémas à Saint-Denis : le Ritz (3 écrans) et le Plaza (qui compte 2 écrans), mais gère aussi le plus grand multiplexe de la Réunion à Sainte-Marie, le Cinépalmes (avec 10 salles) et Le Rex à Saint-Pierre qui comporte 2 écrans.

Mais qui est Frédéric Drotkowski ? Après des études d’HEC (Hautes Études Commerciales) en Suisse et un diplôme d’économie appliquée à l’université Américaine de Paris, Frédéric Drotkowski a commencé à travailler au sein d’ICC, l’entreprise familiale. Une entreprise installée également à Maurice où elle exploite 3 cinémas dont deux multiplexes, l’un situé à Bagatelle (au centre) et l’autre à Grand Baie (Le Nord).

Ciné Cambaie, le premier multiplexe de La Réunion

Créé en 2005, Ciné Cambaie est le premier multiplexe de l’île. Situé à Saint-Paul, il fait partie du réseau MauRéfilms. Équipé de 8 salles, elle dispose de 1 600 fauteuils,  tous numérotés permettant aux spectateurs de choisir à l’avance leurs places dans la salle (ce qui est exceptionnel en France). Ses salles sont toutes équipées en numérique et numérique 3D.

Le multiplexe Ciné Cambaie se caractérise par une offre de films variés (films français, films européens, films américains, films d’art et essai, films indiens ou films asiatiques). Équipé également d’un son dolby srd et depuis 2014 d’un son en 7.1, le multiplexe propose depuis 2009 la diffusion de différents ballets, opéras, pièces de théâtre et concerts à ses spectateurs.

Créée en 1998, l’entreprise MauRéfilms gère le multiplexe Ciné Cambaie, Le Plaza à Saint-Louis et le Ciné Lacaze à Saint-Denis. Elle est dirigée par Yves Éthève, gestionnaire également du Ciné Cambaie. Assureur, Yves Ethève est également président de la Ligue Réunionnaise de Football. Une passion pour le football… Mais aussi pour le cinéma. Un intérêt pour le 7e art qui lui a été transmis par ses parents, Lié et Berthe Ethève.

Quoi qu’il en soit, Ciné Cambaie et Cinépalmes organisent tous les deux des événements vecteurs d’une activité culturelle forte à La Réunion, comme “La fête du Cinéma” ou encore le “Festival du Dessin animé.”

Et l’offre ne s’arrête pas à là ! Pour faire profiter davantage aux Réunionnais du 7e art, deux multiplexes sont en construction. L’un à Saint-Denis (par le groupe ICC), l’autre à Saint-Pierre (par Mauréfilms).

Deux nouveaux multiplexes à La Réunion

Deux nouveaux multiplexes cinéma annoncés à La Réunion

C’était un projet annoncé depuis plus de 8 ans à Saint-Denis, et c’est officiel depuis février : période à laquelle les travaux ont débuté. Les camions et les tractopelles avaient investi le terrain de 3 000 m2 situé le long du boulevard Joffre sur le littoral dyonisien. Baptisé « Cinépalmes Saint-Denis », le projet, porté par Investissement Commerce et Cinéma, permettra de compléter la programmation du Cinépalmes ;  qui ne diffuse actuellement pas l’intégralité des films proposés sur l’île.

Et parmi les six futures salles supplémentaires qui seront proposées au public, une sera notamment dédiée à l’art et essai. Reste à savoir si à cause du confinement, le chantier sera bel et bien livré en juin 2021.

De leur côté, après 10 ans d’attente, les sudistes pourront enfin avoir accès à un multiplexe près de chez eux… D’ici 2022 ! La première pierre du multiplexe de Saint-Pierre, porté par Mauréfilms, a été posée à la mi-février, après une longue bataille judiciaire entre les opposants au projet et le groupe Mauréfilms. Un complexe cinématographique qui comprendra dix salles, 2 000 sièges et 900 places de parking. Contacté, le groupe ne souhaite pas encore s’exprimer sur l’avancée des travaux ; un mois après le déconfinement.

Un manque de diffusion des films de l’Océan Indien à La Réunion

Visibles sur des plateformes VOD ou en festivals, les films de la zone ne sont pas, ou en tout cas très peu, diffusés en salle malgré la multitude de salles existantes à La Réunion.

Avec ces deux nouveaux multiplexes qui vont faire leur entrée dans le paysage cinématographique réunionnais, le public aura-t-il accès aux films réunionnais, malgaches, mauriciens, africains… Ailleurs que sur les plateformes VOD comme OI>FILM ou en festivals ?

plateforme VOD OI FILM cinéma indépendant de la zone Océan Indien

Si on a l’impression que les films de la zone OI sombrent dans l’oubli une fois terminé, il faudrait également se focaliser avant tout sur la production. À la question “Que faudrait-il faire pour qu’un auteur puisse porter et diffuser son film ?”, le réalisateur Mohamed Saïd Ouma répond que “l’auteur doit vraiment avoir un bon producteur. C’est important parce que c’est avec la production que l’on va travailler la vie du film.” Pour ce dernier, “c’est se demander où est-ce qu’on veut qu’il passe. Tout ça doit se faire avant le premier “action.” Si ça ne se fait pas avant, c’est très compliqué ensuite car on est fatigué par le tournage, le montage, par trouver des sous pour finir la post prod et on se dit qu’on n’a plus d’énergie et qu’il faut en re-donner encore.”

Pour le monteur Jean-Michel Perez, le problème vient également d’un manque de producteurs dans la zone. “En quelques années, c’est constitué un vivier de professionnels de grande qualité. J’ai le sentiment que nous sommes à un tournant” mais “il y a trop peu de producteurs. Beaucoup [d’auteurs] se forment à l’écriture mais sans producteur. [Donc] les films ne se font pas, ou dans de mauvaises conditions” conclut-il.

Peu de producteurs, et un manque de stratégie de diffusion et d’exploitations pour Mohamed Saïd Ouma, le réalisateur de “Magid le magicien.” Ainsi, “c’est comme ça qu’on a vu de très beaux films réunionnais disparaître et ne pas être vus par le public car les réalisateurs et réalisatrices étaient lessivés à la fin du truc. Pareil pour les cinéastes africains, malgaches… Il y a toute une stratégie. Les Américains ils sont très forts là-dessus. Ils appellent ça “l’impact strategy” soit la stratégie d’impact, le plan de diffusion. Cela permet ensuite de se dire que moi j’ai envie que mon film soit vu par tel et tel public.”

Jean Laurent Faubourg réalisateur film OI FILM Noir et Blanche

Pour le réalisateur d’origine comorienne, le problème de visibilité des films est dû au manque de distributeurs. “Les gens dans la zone, en Afrique, commencent à se rendre compte de ça. Il y a un vide car on n’a pas de distributeurs. L’idéal serait que quelqu’un se dise “moi ma base de travail c’est La Réunion et la zone de l’Océan Indien. Je vais récupérer les films et je vais les distribuer.” Sur ce maillon de la chaîne qui est primordial, il y a un manque. Un distributeur travaille avec des agents, des programmateurs… Tant qu’on n’a pas des gens dans notre zone qui vont se dire que ça c’est un métier et qui s’impliquent dedans, on ne pourra pas s’en sortir. Ce sera du coût par coût et ce ne sera pas structurel.”

Quant aux plateformes VOD, elles “servent de distributeurs mais les plateformes ne peuvent pas faire que de la distribution. Les plateformes diffusent mais il nous faut des distributeurs” argumente ce dernier.

De son côté, le scénariste réunionnais Guillaume Bègue estime que la filière locale se développe. “Pour autant on ne peut pas demander le statut du cinéma américain tout de suite. Peut-être qu’un jour les acteurs de l’île inscriront leurs étoiles sur la Nouvelle Route du Littoral façon Hollywood boulevard, mais, en attendant, pour faire connaître les créations locales au public, il faut d’une part, de plus en plus de bons films, et d’autre part, de plus en plus de moyens de diffusion.”

Avec le nombre de festivals qui augmente, “c’est déjà une très bonne chose” pour Guillaume Bègue. “La création des plateformes SVOD aussi, forcément. Si avec ça les chaînes locales et les salles de cinéma jouent le jeu en donnant plus de visibilité aux créations réunionnaises, ça apporte encore au schmilblick. Ajoutez à ça encore plus de diffusions en quartiers, en milieu scolaire, en médiathèques, et ça devient pas mal du tout” déclare le secrétaire de l’association “Les cinéastes de La Réunion.”

Pour ce dernier, “tout ça avance. Ça ne va évidemment jamais assez vite, mais je pense qu’on ne devrait pas trop se plaindre, et surtout valoriser les progrès quand il y en a. Le cinéma réunionnais ne vient pas de naître non plus, les premiers films datent des années 50. On peut assez facilement voir à quel point la situation a évolué. Chacun de son côté peut apporter sa petite touche afin de faire connaître le cinéma de La Réunion, ne serait-ce qu’en faisant marcher le bouche-à-oreille si jamais un film nous a plu.”

En attendant de voir ces films sur grand écran, retrouvez de nombreux films de l’Océan Indien sur notre plateforme VOD, OI>FILM, comme “La vengeance du poulet” de Nicolas Guéniot, “Une place pour moi” de Clémentine Dusabejambo, “Made in Mauritius” de David Constantin, “Noir et Blanche” le premier court métrage de Jean-Laurent Faubourg

Bande Annonce « Noir et Blanche » de Jean-Laurent Faubourg

Découvrez la nouveauté de la semaine : “La statue de la vierge” et l’interview de son réalisateur, Emmanuel Parraud.

 

Céline Latchimy
Céline Latchimy
Journaliste, rédactrice, elle s'intéresse à toute l'actualité de la Réunion et des îles de l'OI
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