À voir cette semaine sur OI>Film “Diego l’interdite”, premier film documentaire de David Constantin. Déracinement des Chagossiens, situation actuelle à Maurice… Entretien.
Interview réalisée par Céline Latchimy-Irissin.
En 2001, étudiant en France, David Constantin commence à travailler sur son premier film, “Diego l’interdite”. À cette époque, “le Groupe Réfugié Chagos a remporté une première victoire retentissante devant la Haute Cour de Justice à Londres où il avait traîné l’État britannique. Pour la première fois, des juges avaient estimé que les Chagossiens avaient le droit de rentrer sur leurs îles, qu’ils avaient le droit au passeport britannique ainsi qu’à une compensation financière. C’était un peu la victoire de David contre Goliath. Un petit groupe d’individus issus des classes les plus défavorisées face à la puissance de l’État britannique !” se remémore-t-il.
OI>Film : Est-ce un sujet tabou à Maurice ?
Plus maintenant. Le retournement de l’opinion publique mauricienne sur les Chagossiens a été spectaculaire. Ils sont passés de pariahs à héros. Depuis ce fameux procès, ils ont eu une exposition médiatique importante au niveau local et international, ce qui a forcé les politiques et le public en général à prendre position et à redécouvrir qui ils étaient vraiment : des victimes d’une injustice flagrante.
OI>Film : 19 ans après, qu’en est-il de la situation à Maurice ?
Il y a toujours eu deux courants dans la communauté chagossienne : un qui pense que le combat doit être mené par les Chagossiens et un autre qui pense que c’est à l’état de le mener car l’enjeu suprême est le retour de la souveraineté de Maurice sur les Chagos.
En 2017, la Cour de Justice Internationale a donné raison à l’État mauricien estimant que le processus de décolonisation n’avait pas été complété puisqu’une partie du territoire avait été excisée. Cela a jeté un froid dans les relations entre la Grande Bretagne et Maurice, surtout depuis que Maurice a fait adopter aux Nations Unies une résolution pour faire reconnaître les Chagos comme territoire mauricien.
Malgré tout cela, Maurice ne semble n’avoir rien appris de cette histoire car dans le même temps où elle réclame les Chagos aux Britanniques, les conditions d’installation d’un avant poste indien à Agalega est pour le moins trouble…
OI>Film : La bataille de ces déracinés est-elle terminée ?
Beaucoup, déçus de ce qu’ils avaient vécu à Maurice, ont accepté le passeport britannique et ont immigré en Angleterre dans l’espoir d’une vie meilleure. Mais ce qui faisait la force du combat des Chagossiens, c’était la communauté soudée. Aujourd’hui éparpillée un peu partout en Angleterre, cette force est diluée.
À ce jour, le combat continue pour qu’ils puissent faire un voyage vers les îles. Il y a de nombreuses manœuvres de la part de l’État britannique et des Américains qui ne veulent évidemment pas le retour d’une population civile vers ces îles.