Cette semaine, découvrez “Planète Marseille, Enfants des Comores” sur OI>Film. Un film de Charlotte Penchenier sur le quotidien de personnes issues de la communauté comorienne. Entretien.
Propos recueillis par Céline Latchimy-Irissin.
En 2016, Charlotte Penchenier signe son documentaire “Planète Marseille, Enfants des Comores”. “J’ai découvert au fil des ans, et en grande partie lors du crash de la Yemenia airlines en 2009 et via un ami compositeur qui est d’origine comorienne, plein d’aspect de cette communauté réputée comme discrète à Marseille, alors qu’elle est très nombreuse. J’avais envie de raconter quelque chose des comoriens à Marseille” déclare cette ancienne journaliste. “Ça s’est très vite concentré sur une histoire de conflit de génération. Comment les jeunes issus de l’immigration comorienne, les jeunes français d’origine comorienne, vivent leur rapport avec leurs origines et avec leurs parents ? Quelle est la différence entre le rapport que leurs parents entretiennent avec leur origine, et celui des enfants ?”
OI>Film : On a l’impression d’avoir un focus sur le “grand mariage”…
Je n’ai pas voulu faire un focus sur cette tradition mais j’ai eu l’impression que c’était le point où se concentrent la plupart des tensions entre les parents et les enfants avec cette histoire de “qui tu dois épouser dans l’optique de faire ton grand mariage un jour, la réputation”…
Après, je voulais qu’il y ait des images venant de là-bas mais ce sont les images qui circulent le plus. La représentation du village pour les enfants nés à Marseille était essentiellement le grand mariage. Tant qu’ils n’y vont pas, ils ne voient pas autre chose car c’est ce qu’on leur montre.
Image extraite du film « Planète Marseille, Enfants des Comores » de Charlotte Penchenier
OI>Film : Les protagonistes n’avaient-ils pas peur du regard de leurs proches sur leur façon de penser ?
Ce n’était pas évident. J’ai mis du temps à caster mes personnages. Il y a des gens que j’aurais adoré mettre dans le film mais qui n’ont pas voulu être filmés. Il n’y a que Fatima qui parle réellement librement car elle a rompu avec la communauté et sa famille depuis ses 17-18 ans tandis que les autres ne l’ont jamais fait. Ils parlent relativement librement mais pas tant que ça. Ils sont softs. Il y a plein de choses qu’ils ne voulaient pas dire face caméra. Ils restent diplomates et je pense que ce n’était pas possible pour eux de faire autrement. Après, je cherchais des gens qui étaient dans une démarche de dialogue avec leur propre culture, et non de rupture.
OI>Film : Selon vous, peut-on concilier traditions et indépendance lorsque l’on vit ailleurs que l’endroit “d’où l’on vient” ?
Je ne suis pas légitime à répondre car je ne suis pas dans cette situation. C’est une question générale avec des réponses particulières propres à chacun. Après, je pense que chacun essaie de se débrouiller à sa manière, avec ce qu’on lui donne et ce dont il a envie.