Les 13 et 14 novembre dernier, l’association « Cinéastes de La Réunion » a accueilli une masterclass scénario de Jean-Marie Roth. Rencontre et conseils.
Entretien réalisé par Céline Latchimy-Irissin.
Jean-Marie Roth est une référence en termes de dramaturgie filmique. “Je suis un théoricien du scénario. Ça veut dire que les choses que j’enseigne, je les ai en quelque sorte trouvées… Je n’ai pas suivi de cours de scénario ; il n’y en avait pas à l’époque” explique celui qui avait posé ses valises à La Réunion pour une masterclass scénario, proposée par les “Cinéastes de La Réunion”. “Mon objectif est d’être le plus utile possible aux auteurs. Si en sortant ils disent ‘j’ai appris pleins de choses qui vont m’aider’, je suis un homme heureux” poursuit-il. Avant d’ajouter qu’une masterclass, “c’est comme un cours magistral. Ça dure une dizaine d’heure, donc il y a beaucoup de choses que j’essaie de leur enseigner : des outils, des règles, des normes…”
À peine arrivé, et déjà reparti pour Paris. Avant son départ, OI>Film l’a rencontré.
OI>Film : Qu’est-ce qui vous marque à chaque masterclass ?
C’est l’envie de comprendre et d’apprendre. Il y a une vraie soif de connaissance. La deuxième chose c’est le nombre de fausses images qui sont véhiculées autour du métier et du scénario ; notamment sur sa structure. Ils se disent que ça ne sert à rien mais à la fin de la masterclass, souvent ils disent que c’est ça qui leur manquait car ils avaient mal compris le terme.
OI>Film : Quelles sont les questions les plus fréquentes posées par les auteurs ?
“Comment vendre mon scénario ?” Il faut déjà en faire un bon. J’ai la conviction profonde qu’un bon scénario va toujours trouver, un jour ou l’autre, un producteur. Surtout en France où il y a une très grande demande. Il y a plus d’auteurs qui se découragent trop vite que de bon scénario qui ne trouve pas de producteur.
Photo prise par les « Cinéastes de La Réunion » lors de la masterclass scénario
OI>Film : Qu’est-ce qui différencie un bon d’un mauvais scénario ?
La structure. Il y a quelques pièges qu’il faut absolument éviter : la redondance (c’est quand l’auteur répète la même situation dans son scénario), et le hors sujet, où l’auteur, sans s’en rendre compte, sort de la promesse de son scénario. Un bon scénario est finalement un scénario qui tient sa promesse.
OI>Film : Quels conseils donneriez-vous aux auteurs ?
De suivre une masterclass avec moi (rires). En plaisantant un peu moins, je pense que le scénario est devenu un vrai métier donc il faut suivre une formation (et il y en a de très bonnes) pour comprendre pourquoi c’est un métier et quels sont ses codes.
Le scénariste Guillaume Bègue et le théoricien du scénario Jean-Marie Roth dans les locaux de « Cinéastes de La Réunion »
OI>Film : L’écriture du scénario a-t-elle évolué au fil des années ?
Énormément. La dramaturgie évolue avec la société, les mœurs, les nouvelles formes d’écriture… Comme elle évolue, le scénario suit forcément le mouvement. Quand on montre à un jeune d’aujourd’hui un film des années 50, il s’ennuie en général. Il dit que c’est super lent. Si vous regardez le rythme des films d’aujourd’hui et le rythme des films il y a 30-40 ans, c’est totalement différent. Avant, on prenait le temps d’installer le film. Là, il faut que ça commence tout de suite.
OI>Film : Une prochaine masterclass à La Réunion ?
J’ai envie de revenir parce que je sens une vraie envie des auteurs. Je voudrais faire un travail avec une dizaine d’auteurs sur leur projet. Et il y a une chose que je voudrais leur dire : on manque de scénariste. Il ne faut pas qu’ils se découragent. C’est du boulot mais il y a de la place et des talents. Donc allez-y, écrivez.