dimanche, novembre 10, 2024
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Lucilly : un peu de culot et beaucoup de talent !

Depuis qu’il a dix ans, il aime raconter des histoires et écrire. Gamin, ado, jeune homme, Grégory Lucilly alimente une véritable boulimie pour le cinéma. Même s’il entame des études de commerce, il sait que sa vie sera dans le cinéma. 4 mois avant son diplôme, il laisse tout tomber pour réaliser son rêve. D’abord employé sur les plateaux pour les films des autres, il franchit le pas en 2009 et devient réalisateur à part entière. Marcel Production voit le jour et des pépites telles que « La marche du singe », aussi. Grégory Lucilly se confie à OI>Film.

 

OI>Film : Pourrais-tu nous faire une rapide présentation de ta personne ? 
Gregory Lucilly : Je suisGrégory Lucilly, j’ai 36 ans, je suis réalisateur, cinéaste, producteur, scénariste … bref, je fais des films. Je suis sur les plateaux de tournage depuis une quinzaine d’années et 10 ans à titre de réalisateur. Comme je n’ai pas pu faire d’école de cinéma, j’ai fait mes armes sur les plateaux en commençant en bas de l’échelle. Mon parcours est un peu atypique puisque j’ai d’abord fait des études en école de commerce, ce qui m’a permis d’intégrer Pathé pendant mon année de stage où j’ai travaillé au marketing international de 25 films et c’est depuis que j’ai pu aller faire ma véritable passion et me diriger vers les plateaux de tournage. Cela fait maintenant trois ans que j’ai arrêté de travailler sur les films des autres pour me consacrer à mes propres productions. J’ai tout plaqué à Paris et je suis rentré à La Réunion d’où je suis originaire. Ma société Marcel Production est en activité depuis un an.

OI>Film : Marcel est le nom de ton papa, on peut lire dans tes interviews que c’est lui qui t’a transmis cette passion du cinéma. De quelle manière et de quel cinéma parle-t-on ?
Grégory Lucilly : Mon père avait compris que j’étais curieux avec un côté un peu artiste et que surtout, je m’ennuyais très vite. Il m’emmenait régulièrement au cinéma pour m’occuper. Ça n’a pas été volontaire de sa part de me transmettre une passion comme le cinéma. On allait voir les Disney et moi je lui réclamais des films un peu plus costauds comme des Clint Eastwood. Et puis, le cinéma ne suffisait plus alors il s’est mis à m’acheter des cassettes vidéos et là je découvre l’Ours de Jean-Jacques Annaud qui a été un gros bouleversement… Je découvre Luc Besson et puis aussi énormément de cinéma chinois, japonnais, parce qu’il achetait des vidéos pas chères… Un peu comme Tarantino qui regardait tous ces films asiatiques quand il bossait dans un vidéo club… moi c’est mon père qui les achetait dans les boutiques à La Réunion… Ça a commencé comme ça et puis au fur et à mesure mes parents ne comprenaient plus ma boulimie pour les films donc j’ai fini par me nourrir moi-même. 

OI>Film : Quel est le premier film que tu réalises ?
Grégory Lucilly : C’est un film qui n’est jamais sorti et qui s’appelle « À la folie ». J’avais 17 ans et j’avais pris la décision que c’était ça ma vie : faire des films. Alors j’ai récupéré une caméra avec le lycée et j’avais convaincu deux copains de m’accompagner pour tourner dans un hôpital psychiatrique. On allait à Saint-Paul se faisant passer pour une équipe de RFO. Évidemment on s’est fait démasquer, mais le responsable a apprécié mon culot et m’a permis de revenir filmer et de véritablement rencontrer les malades. Une fois tourné, il a fallu que je trouve une solution pour monter les rushs, mais malheureusement je n’avais pas la section « audiovisuel » dans mon lycée à Saint-André et finalement un professeur du collège du Bas de la Rivière à Saint-Denis a répondu à mon appel. Je lui ai montré mes rushs, il a trouvé ça super, mais comme je n’étais pas un élève de son collège, il fallait payer 500 francs. Ça ne s’est jamais fait et j’ai même perdu mes rushs… Je n’ai plus rien. Cependant je dis toujours que j’ai cinq courts-métrages à mon actif, car même si celui-là n’a jamais vu le jour, c’était mon tout premier film. Celui qui m’a donné l’envie de ne plus jamais m’arrêter de faire des films.

OI>Film : Faisons donc un petit tour d’horizon de ta filmographie
Grégory Lucilly : Tout commence réellement en 2009, je plaque tout à Paris pour réaliser mon premier film, chez moi à La Réunion. Je lance alors un premier projet : « Une histoire de grandes personnes » et il n’aboutit pas du tout. Pourtant, on avait monté un beau casting, mais la sauce ne prend pas, on n’arrive pas à trouver les financements. Alors, je lance un second projet : « L’épouse et l’enfant ». C’est un projet de passion et sans aucun moyen. On arrive au bout et le film est totalement bancal, il me montre à quel point je me sentais prêt et à quel point je ne l’étais pas ! Mais ce n’est pas grave, il fait sa petite vie et tourne en festival. Je cherche un second sujet et c’est là que mon père me parle du concours Tarantino organisé par Ciné Cinéma, en 2011. Je suis inspiré, j’écris un court qui s’appelle « Pizza », mais je suis recalé, car le concours n’est pas ouvert aux DOM TOM à l’époque. Alors, un peu fâchés, on a décidé de le balancer sur Facebook. « Pizza » cartonne véritablement et cela crée un tollé pour le concours, car le public ne trouve pas normal que les DOM soient écartés d’un concours national. Je suis donc hyper motivé ! Vient ensuite, le projet « Le baiser des gens perdus » qui a été un peu particulier, car d’abord tourné en pellicule et ensuite retourné entièrement plan par plan deux ans après ! Ensuite, il y a « La marche du singe », imaginée par Emilie Granier rencontrée sur la série CUT. Elle m’appelle un soir de Paris me disant qu’elle a une idée de scénario. On l’écrit et quelques jours après elle m’apprend qu’elle a pris un billet pour La Réunion et nous tournons notre film avec nos propres moyens. On mobilise tous nos potes techniciens et acteurs avec qui on bosse ici sur les tournages. Et au final, on arrive à mobiliser 80 personnes sur ce film. On avait zéro budget et on a fait le film en trois semaines.

OI>Film : Et c’est une vraie réussite !
Grégory Lucilly : Parce qu’on était entre potes, cela fait dix ans que tous travaillent ensemble et on avait les meilleurs techniciens de La Réunion ! Tous ceux qui ont travaillé sur « La marche du singe » sont à La Réunion depuis des années et ont profité de l’essor des tournages pour se former et accéder à des postes à responsabilités sur les plateaux. Donc « La marche du singe », c’est une réunion de tout ça, mais en mode spontanée ! Rien n’était prévu et pourtant c’est pour l’instant le film que j’ estime le plus abouti de ma filmographie.

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Au casting de la marche du singe, Emilie Granier et Janis K. Abrikh forme un couple complètement crédible.

OI>Film : Le couple Chloé (Emilie Granier) et Sam (Janis K. Abrikh) fonctionne très bien, on se demande même s’ils ne sont pas vraiment en couple dans la vie…
Grégory Lucilly : Ils sont réellement amis dans la vie. Ils étaient tous les deux comédiens sur la série CUT, c’est comme ça que l’on s’est tous connus. On était un peu un trio, on passait beaucoup de temps ensemble. Tous les deux ont vu « Le baiser des gens perdus » et ils ont eu un coup de cœur, ils voulaient qu’on fasse un film ensemble.

OI>Film : On se rend compte que la série CUT a été très bénéfique pour la filière cinéma réunionnaise, tu es d’accord ?
Grégory Lucilly : Il n’y a pas que cette série, il y a eu de très beaux tournages à La Réunion et on continue à en accueillir. Mais il est vrai que CUT est resté longtemps : six ans ! J’estime que ça a été une vraie chance, car nous avons pu travailler avec des gens expérimentés qui ont envie de transmettre un savoir-faire aux équipes à La Réunion. Ils ne sont pas juste venus tourner chez nous. Et d’ailleurs, ils le prouvent puisqu’ils ont repris des acteurs et des techniciens locaux pour aller tourner OPJ Pacifique Sud en Nouvelle-Calédonie.

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Dans son équipe, Lucilly a pu compter sur le soutien de la famille CUT.

OI>Film : Pour finir, un mot sur ton actu ?
Grégory Lucilly : Je suis en train de travailler sur mon premier long-métrage où je suis le parcours de trois femmes porteuses de handicaps avec trois temps de la construction dans la vie d’une femme. Nous allons démarrer le tournage à La Réunion, il est prévu que ça dure un an. Je n’aime pas l’appeler documentaire, je préfère dire que c’est un cinéma du réel. Si tout va bien, on le verra fin du premier semestre 2021 !

 

affiche la marche du singe

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Voir la bande-annonce

 

 

 

Laurène MAZIER
Laurène MAZIER
Rédactrice polyvalente et expérimentée
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