En 2017, la DACOI, Direction des Affaires Culturelles océan Indien, programme une mission patrimoine dans les TAAF. Lauren Ransan suit cette équipe et en fait un film : “L’histoire fragile, Mission patrimoine en terre extrême”.
Propos recueillis par Céline Latchimy-Irissin.
L’objectif de cette mission, “faire un inventaire des objets patrimoniaux sur toutes les bases et repérer un lieu pour un éventuel musée aux Kerguelen, pour garder une trace des bâtiments fillod qui allaient être démantelés, tout en maintenant l’un d’entre eux” explique Lauren Ransan. “La DAC m’a ainsi contacté pour suivre cette mission car je travaillais déjà avec eux sur les missions archéologiques à la Réunion et que j’y étais déjà allée en 2014. J’avais donc une connaissance du terrain” ajoute-t-elle.
OI>Film : Quelle est l’importance de ces missions patrimoines ?
Les missions patrimoines sont importantes pour ces territoires car le climat extrême fait que tout se dégrade plus vite qu’ailleurs et tout est voué à disparaître bien plus rapidement qu’ailleurs. L’idée est donc de garder une trace par la photogrammétrie (extraction 3D à partir de photos) et par l’audiovisuel ; d’où la commande de ce film sur les TAAF.
OI>Film : Comment ça s’est passé sur place ?
On est parti à 4. Sur le bateau, on définissait nos missions. Il fallait s’adapter aux autres sur le bateau car on n’avait pas la priorité sur les déposes hélicoptère sur les bases. La mission première du Marion Dufresne étant le ravitaillement des bases, on était donc dépendant de son bon déroulement et de la météo. Aux abords d’une île, on n’est pas sûrs de pouvoir y débarquer. Si on y arrive, on n’est pas sûr d’y rester le temps prévu ; c’est ce qu’il s’est passé avec l’approche de la tempête : il fallait repartir très rapidement pour que le navire la devance.
Le but était donc d’être le plus efficace possible. On est passé par la photogrammétrie avec des prises de points GPS au sol et au drone. Pour l’anecdote, Abel est le tout premier pilote de drone à avoir été autorisé à voler dans les TAAF. C’est compliqué d’avoir les autorisations par rapport à la faune et aux vents souvent violents là-bas, mais tout c’est bien passé.
Image extraite du film
OI>Film : Il y avait-il une appréhension à l’approche de cette tempête sur ces îles non habitées ?
Non car tout est fait pour que tout le monde soit en sécurité. Les bases sont solides pour affronter les tempêtes et il y a une vraie organisation militaire qui fait que tout est bien géré. Ils ne prennent aucun risque et anticipent bien ; d’où le départ en avance du bateau.
OI>Film : En quoi ce film se démarque-t-il de tes autres films sur les TAAF ?
J’aurais du mal à définir ce qui le démarque. C’est vraiment une continuité par rapport à “1000 heures à Tromelin” et “Murmures dans les rugissants” : suivre une équipe en mission et faire partie intégrante de l’équipe. La seule différence est que j’étais la seule à déjà connaître le terrain. J’ai donc pu être une guide et rendre plus efficace notre présence limitée sur les îles.