Cyrielle Raingou est réalisatrice. La camerounaise a accepté de nous parler de son film “Les voisins”, à voir sur OI>Film.
Entretien réalisé par Céline Latchimy-Irissin.
Cyrielle Raingou est une réalisatrice camerounaise. Si elle a d’abord suivi des études de droit, elle s’est très vite réorientée vers des études de cinéma : “j’ai trouvé que transmettre un message était plus fort à travers des images”. Titulaire d’un master en production cinématographique obtenu au Cameroun, elle a à son actif plusieurs courts métrages. Mais son parcours ne s’arrête pas là puisqu’elle est actuellement en master réalisation au Portugal. “C’est un programme Erasmus et chaque semestre on fait un film” étaye Cyrielle Raingou.
Quant à son style, elle l’a trouvé au fil du temps ; le “réalisme magique africain”. Mais d’où lui est venu l’inspiration pour son film ? “Il est né à l’endroit où j’habitais, à Yaoundé. Ma maison était séparée de celle du voisin par un mur. Pendant trois ans, je les entendais parler. Je savais tout de leur vie. J’essayais d’imaginer à quoi ils pouvaient ressembler car je ne les ai jamais vus à cause de ce mur. Je me suis donc inspirée de cette expérience personnelle pour écrire l’histoire” dit-elle en souriant.
OI>Film : Quelles étaient vos intentions ?
La recherche du bonheur. Mais aussi comment savoir apprécier les instants de joie que la vie nous offre et que l’on a devant soi. Ce film, je l’ai fait il y a deux ans, et aujourd’hui avec le confinement, ça prend presque tout son sens.
OI>Film : Il y a de l’animation avec les poupées. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Cela vient de la façon dont je vois le monde. J’aime inventer de nouveaux mondes mais aussi mixer les langages cinématographiques. L’animation de la bouche des poupées montre le langage un peu incongru des voisins. Ils sont différents des autres et ça contribue à renforcer cela.
OI>Film : Comment s’est passé le tournage ?
Le tournage a duré trois jours. On a loué un Airbnb pour tourner car la structure de l’appartement correspondait à ce que je voulais par rapport aux entrées de lumière. Le budget était réduit, tout ce que j’avais reçu je l’ai mis sur le film. On a essayé de maximiser dans l’énergie et l’envie de créer.
OI>Film : Avez-vous des projets en cours ?
Actuellement, je suis sur un projet qui me tient à cœur car c’est mon projet final de master. J’utilise encore le réalisme magique pour parler de l’expérience des femmes noires portugaises. C’est l’histoire de trois générations de femmes portugaises. Celles arrivées avant ou pendant la révolution. Puis, il y a deux ans, une femme noire a été élue députée d’un parti nouveau et deux autres sont entrées au Parlement. Pour la première fois dans l’Histoire, on a trois femmes noires au Parlement Portugais, issues de génération de migrant. Mon film est à la croisée des chemins : expérience, rêve, espoir, attente des femmes noires dans ce pays.