vendredi, mars 29, 2024
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Le cinéma de l’Océan Indien au top… et en VOD

Depuis ces vingt dernières années, le cinéma d’auteur de la zone Océan Indien connaît une forte expansion. Un phénomène qui s’explique grâce à de nouveaux soutiens publics, à la création de nombreux événements et actions culturelles ; sans oublier la diffusion des films sur des plateformes VOD comme OI>Film. La Réunion, Maurice, Madagascar, Comores, Mayotte… Focus sur le cinéma dans la zone Océan Indien.

Les îles et pays de l’Océan Indien, où un nouvel essor commun

La Réunion, l’Afrique, Maurice, les Comores, Mayotte, Madagascar ;  toutes ont un point commun : elles connaissent un nouvel essor.

Depuis quelques années, de nombreux films sont sélectionnés en festivals et diffusés dans le monde entier. Parmi eux, on cite « Blaké » (2019) de Vincent Fontano, largement récompensé après avoir été sélectionné au festival du court métrage de Clermont-Ferrand ; ou bien encore le film d’animation « J’ai perdu mon corps » de Jérémy Clapin ayant reçu le Grand Prix Nespresso de la critique à Cannes en 2019. 

Derrière ces réalisations se cachent des studios comme Gao Shan ou de nombreuses boîtes de productions 100 % locales. À La Réunion, on peut citer notamment We Film, ayant produit « Blaké », mais aussi Blabla Prod, En Quête Prod, VERT M Prod, Evil Ways prod… De nombreuses structures souvent polytâches comme le définit Jonathan Rubin, producteur à We Film : « le gros soucis pour moi que l’on a à La Réunion et dans la zone Océan Indien, c’est que la majorité des structures de production sont des structures polytâches, très diversifiées dans leurs activités. Des structures qui font à la fois de la création, de la publicité, de l’institutionnel… Une même structure peut à la fois faire toute ces choses là, » ce qui n’est pas le cas en Europe comme en France ou encore en Allemagne.

Mais comment faire pour porter les films une fois terminés ? Pour Jonathan Rubin, il faudrait que les jeunes auteurs produisent plus de courts métrages pour faire leurs armes et s’assurer une meilleure visibilité. Le producteur a également son rôle à jouer puisqu’il se doit d’avoir un bon réseau « pour permettre des rencontres entre l’auteur et les techniciens, ou d’avoir un réseau avec des distributeurs pour que le film soit vu. »

Une autre façon pour que le film soit porté, c’est d’être diffusé sur les plateformes VOD comme OI>FILM, qui a ce besoin de fédérer le cinéma d’auteur des îles et pays de la zone Océan Indien. Une visibilité qui permet une affirmation de regards indianocéaniques. Une nécessité dans un monde globalisé, où pour ne pas être noyé et effacé par la multiplication des échanges et des flux, il est essentiel d’adapter les moyens de diffusion aux outils modernes.

Un manque d’espace de diffusion qui entraîne une faible rémunération des auteurs et producteurs. Alors où diffuser ? Antenne Réunion et Réunion La 1ère sont les deux seules chaînes locales permettant la diffusion de films. Mais une fois les premiers passages télévisuels effectués, les films peuvent sombrer dans l’oubli, à cause de la faiblesse du secteur de la distribution dans la zone, qui ne génèrent plus de ressources. Ainsi, beaucoup optent pour le cinéma en ligne. Avec la COVID19, il était difficile d’accéder à sa salle de cinéma ; soit de faire tout simplement une sortie cinéma entre amis. Depuis, on constate que la tendance de regarder un film en VOD s’est encore plus démocratisée. Quid des films regardés et ayant été réalisés dans l’Océan Indien ? 

En matière de tournages et de réalisations, l’île de La Réunion est une terre d’accueil. Plusieurs longs métrages ont été tournés à La Réunion (Papa ou maman 2, Larguées…).  Nous vous en parlions récemment, en ce qui concerne les films d’animations, la Réunion est un fleuron international. De nombreux films d’animation de renommée internationale comme « Zombillenium », « Vilaine Fille » (à voir ici), « Adama », ont tous été produits (ou en partie) à La Réunion.

On pourra parler également des séries récemment réalisées comme « Welcome on board » ou bien encore de la série « Réunions » avec Laëtitia Milot, mettant en valeur des paysages de l’île à couper le souffle.  

Le développement des métiers du cinéma

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De nombreux métiers existent dans le domaine de l’audiovisuel. Comédien, cadreur, monteur, réalisateur, scénariste, producteur, chef décorateur… Autant de métiers accessibles dans l’audiovisuel auxquels on peut se former. 

Pourtant, il existe un manque de formations quant à l’écriture de scénario selon Jonathan Rubin : « la difficulté que je rencontre en tant que producteur, c’est de trouver des auteurs qui ont suivi des formations. Le temps de développement est très long car les auteurs ne sont pas suffisamment formés, que ce soit à La Réunion qu’à Madagascar par exemple. » 

À La Réunion, on retrouve l’Institut de L’images de l’Océan Indien (ILOI), fondé en 1983 par Alain Séraphine. Animation 2D et 3D, création digitale, audiovisuel, jeux vidéos… Autant de domaines auxquels les élèves peuvent se former, avec l’aide d’intervenants professionnels comme Marine Hervé (étalonneuse), Laurent Zitte (réalisateur, producteur, photographe), ou bien encore Jean-Michel Perez (monteur et référent de la formation audiovisuelle). 

Pour devenir comédiens, les Réunionnais pourront compter sur les cours donnés par l’école « Act In Réunion » ou les cours d’improvisations accessibles à tous et proposés par la Ligue d’Improvisation Réunionnaise (LIR)

Des formations professionnalisantes pour les acteurs en herbe réunionnais comme Bruno Hoarau que l’on peut apercevoir dans « Terrible Jungle » d’Hugo Benamozig et David Caviglioli avec Catherine Deneuve, ou encore dans la mini série « Welcome on board » portée par Annabelle Lebreton, la 2ème dauphine de Miss Réunion 2018, aux côtés de Beryl Coutat

Le cinéma dans les territoires de l’Océan Indien, entre diversité et similarité

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Entre l’exception Nigérienne et la particularité Malgache, chaque îles et pays disposent de sa propre histoire, influençant d’une quelconque façon sa manière de faire du cinéma. Des territoires aux multiples facettes. 

Le cinéma et les films réunion

Faire du cinéma et trouver des financements pour faire des films à La Réunion demeure plus facile qu’en région Aquitaine ou en Île de France. À Paris, dans le comité d’une commission, à la contribution financière pour le court métrage, « on peut déposer jusqu’à 190 projets. À La Réunion, par commission il y a entre 4 à 5 projets déposés pour le même montant alloué » argumente Jonathan Rubin. 

Là où les films venant de La Réunion ont beaucoup de difficultés, ce n’est pas dans la capacité de les produire mais dans la capacité de les diffuser. « Combien de films qui ont reçu un soutien de la Région Réunion et qui ont été produit à La Réunion arrivent à être diffusés dans les festivals de catégorie A comme à Cannes, à Clermont-Ferrand, à Berlin… ? Ces films s’exportent très peu, voir très mal » déclare le producteur. 

Quelle stratégie serait ainsi la meilleure à adopter pour être diffusé ? Si l’exclusivité auprès d’un diffuseur ne semble pas être le problème, Jonathan Rubin insiste sur le fait que c’est souvent une question de qualité, notamment en ce qui concerne l’originalité du scénario dans un environnement concurrentiel comme le cinéma. 

Le cinéma à Maurice

À Maurice, la situation est légèrement différente. Après s’être formé en France, David Constantin, réalisateur et producteur mauricien, revient sur son île en 2002. S’il ne trouve aucune boîte de production de films une fois sur place, il décide de créer sa propre structure : « Caméléon. » 

Si David Constantin ne devait pas rester à Maurice, sa carrière se développe finalement sur l’île : « cela m’a permis de faire de belles rencontres, de monter des projets mais surtout, je connais le terrain, contrairement à l’Europe. Dans mon cinéma, j’ai raconté cette société mauricienne que je connais bien. »

En 2007, il crée alors l’association « Porteurs d’images », pour structurer et porter la filière du cinéma mauricien. Le festival Île courts, aujourd’hui en stand by depuis deux ans, voit alors le jour… Pour plus de « films maurice. »

Le cinéma et les films Madagascar

Le cinéma d’animation malgache n’est pas encore très reconnu dans le monde selon Sitraka Randriamahaly, auteur et réalisateur de films d’animation. Si l’on « assiste à la naissance d’associations et des organismes, » pour le réalisateur c’est plutôt une histoire de débrouille concernant ce secteur ; étant donné qu’il n’existe pas d’écoles d’art ou de cinéma. Avec des professionnels autodidactes et des budgets presque inexistants, les styles sont variés et chacun trouve « sa propre voie. » 

Quant au cinéma de fiction et de documentaire, Madagascar possède une longue histoire qui lui permet de continuer à créer, en se basant sur les techniques des films malgaches sélectionnés à Cannes ou encore à la Mostra de Venise, à l’instar des cinéastes des années 60 comme Benoît Ramampy ou encore Raymond Rajaonarivelo.

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Le cinéma à Mayotte et aux Comores

Mayotte étant un territoire Français, suit le chemin de La Réunion quant aux moyens existants pour la réalisation cinématographique. Cependant, l’île s’ancre dans une production audiovisuelle de commandes pour Mohamed Saïd Ouma, qui évoque une situation paradoxale. « Il y a des moyens, une ambition de jeunes auteurs mahorais et même ceux qui viennent d’autres îles. Comme ils ont grandit à Mayotte, ils ont beaucoup de choses à dire vu la situation sociale ; mais ils n’ont pas de producteurs [de créations] en face. » Selon le réalisateur de « Mythe de la 5e île » et de « Magid, le magicien, » l’idéal serait de travailler avec les gens dans les autres îles puisque Mayotte a les moyens « mais il n’y a pas de coopération car la France interdit les coopérations culturelles… »

Aux Comores, le cinéma est un art naissant. « C’est à la fois un handicap et un atout. Un handicap dans le sens où il n’y a pas d’aînés qui ont fait des films sur lesquels on pourrait s’appuyer. Cela veut dire aussi qu’il n’y a pas de structure à la fois d’Etat, de commission du film, d’école… Mais en même temps, c’est un avantage dans le sens où on peut tout oser… Puisqu’on est des pionniers. »

Un cinéma qui naît dans les années 2000 avec des premiers courts métrages. L’archipel est toutefois entré dans la carte du cinéma mondial en 2008 avec « La résidence Ylang Ylang » de Hachimiya Ahamada, réalisatrice comorienne ayant fait des études de cinéma à Bruxelles. Le film avait été sélectionné à Cannes.

Les cinémas indépendants africains

« Quand on parle de l’Afrique, ce sont toujours « des » cinémas parce que le continent est très vaste. Le truc en commun, c’est que durant le 20ème siècle, l’Afrique a connu la colonisation, à part l’Ethiopie. Les images qui ont été produites en Afrique ont été produites à partir du point de vue extérieur » explique Mohamed Saïd Ouma, réalisateur. 

À la suite des mouvements des indépendances « où finalement les cinémas africains se sont dit « il est temps que l’on raconte nos propres histoires, » il y a malheureusement eu les « politiques d’austérité puisque les salles de cinéma ont fermé. Finalement ils se sont retournés vers des fonds internationaux : l’OIF, la cinéfondation de Cannes… Pour avoir les sous et faire leurs films. »

Pour l’enseignant et cinéaste Yadia Mor-Jougan, le cinéma africain est un cinéma « qui se cherche encore » sur le plan financier ; la totalité des films étant financés par l’Occident. Pour le réalisateur de « La Marche », ce cinéma gagnerait à s’imposer sur les plateformes et les marchés internationaux. « Or pour cela, il faut qu’il y ait une structuration à la base. Que ce soit au Cameroun, au Gabon, au Burkina Faso, au Mali ou au Sénégal… Il y a des cinémas qui ont porté l’Afrique mais on se rend compte que derrière, il y a un problème : l’individualisme » déclare le cinéaste, avant d’ajouter que « pour moi, le vrai cinéma africain est encore à naître. » 

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Chaque zone semble en effet avoir ses propres influences : quand le Maghreb et l’Afrique de l’Ouest ont une forte influence francophone, l’Afrique du Sud a de son côté une forte influence anglophone. Le Nigéria a même développé sa propre industrie de films nigériens totalement indépendante, le Nollywood, en se calquant sur le mode de fonctionnement de l’Inde et le Bollywood. Un cinéma réalisé et produit par des Nigériens, pour des Nigériens.

Quoiqu’il en soit, les îles et les pays de la zone Océan Indien connaissent un nouvel essor commun de leurs cinémas qui commencent « à avoir un début de coup de projecteur de l’industrie du Nord » renchérit Mohamed Saïd Ouma. Autant de films à retrouver sur notre plateforme OI>FILM, lancée depuis septembre 2018 sur laquelle plus de 200 films sont en consultation illimitée par abonnement pour 5 euros par mois, avec des nouveautés chaque semaine. Une offre exceptionnelle est actuellement en cours : 1 euro par mois les trois premiers mois. 

Des fictions, des documentaires, des films d’animation, des courts et des longs métrages allant des plus récents au patrimoine cinématographique. Soit toute la richesse du cinéma de l’Océan Indien réunie et accessible à un large public dans le monde entier et d’un simple clic ; pour un cinéma au top, et en VOD.

 

Céline Latchimy
Céline Latchimy
Journaliste, rédactrice, elle s'intéresse à toute l'actualité de la Réunion et des îles de l'OI
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