Le ballet des arrosoirs est un partage d’humanité dans ce qu’elle a d’essentiel, la peur de la mort et du deuil. C’est un tableau poétique construit autour d’hommes et de femmes réunionnais qui ont cherché leur manière de vivre avec leurs Morts. Ils ont adapté les rites et les croyances de leurs ancêtres, venus du Mozambique, de Madagascar ou du Vietnam et nous racontent leur secret pour vivre en paix avec la mort.
La mort, elle tourne autour de Nathalie Vindevogel, née au Rwada, depuis le génocide rwandais et c’est à La Réunion, en s’inspirant de la beauté des visages et des gestes de ceux qui savent vivre avec leurs ancêtres, qu’elle a pu l’apprivoiser. À travers ce film, elle souhaite proposer le même voyage intérieur au spectateur en faisant des détours par des escapades en Afrique, à Madagascar et en Asie, ces territoires qui font de la Réunion, ce qu’elle est, une île qui cherche son identité, à chercher auprès de ses ancêtres.
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Note d’intenton de la réalisatrice, Nathalie Vindevogel
Aller à la rencontre des invisibles
« Deux hommes et une femme rencontrés au cours de ces dernières années, m’ont donné le désir de faire ce film. Ils m’ont invité à participer à leurs rituels ce qui m’a rapproché de ma relation avec la mort qui restait bien ancrée dans ma mémoire.
Le film est un partage humain qui forme un tableau poétique dans une atmosphère douce et pleine de sensibilité. Des portraits d’hommes et de femmes filmés dans leur quotidien et sur les lieux de cultes.
C’est un voyage dans la zone indianocéanique où des peuples migrateurs avec un esprit communautaire, nous dévoilent leurs pra- tiques cérémonielles contemporaines dédiées à leurs ancêtres.
Je fais ce film, car je constate que notre société nous éloigne de plus en plus de nos ancêtres. Y a-t-il, du moins, un moment de la jour- née pour penser à eux. Il y a aussi du comment l’image la mort circule. Pour la plus part, la mort, le décès fait peur. Ils fuient et préfère ne pas y penser. Ils gardent l’image d’un corps inerte et oublient l’être, l’âme qu’avait ce proche. Rien n’est plus beau que de penser aux beaux moments passés avec nos grands-parents ou autres défunts. Je pense de plus en plus à mes parents et j’ai envie de passer du temps avec eux. Peut importe si, je dois quitter un lieu pour me rapprocher d’eux. C’est consacrer du temps pour mieux penser à eux quand ils ne seront plus là.
Le film donne une dimension poétique, pleine de couleurs, de joie. Comme un tableau qui fait revivre les ancêtres de mes protago- nistes.
Parler de ses ancêtres c’est aussi penser à son passé, à ces instants vécu.
Mon dispositif de tournage restera le plus neutre possible. C’est un choix de dispositif qui apporte un effet réel et authentique. L’in- tention est de mettre le spectateur dans ce contexte du geste et de l’instant. Même si celui-ci fait déjà parti du passé. Des instants où tout se déroule instinctivement, comme à la naissance de chaque être vivant. Le silence accentué par les bruits d’eau qui coule. Celui des insectes et des oiseaux, ainsi que, les murmures des gens. Mon choix n’est pas de suivre le mouvement. Le cadre reste fixe. Le mouvement, la trajectoire, le déplacement, le balancement, le geste, le rythme, se déroulent dans le cadre avec ses entrées et sorties du champ. Des travelling et panoramique viennent transcender un rythme aux plans immobiles.
Pour certains plans, la caméra garde une distance car le respect et l’intimité règne.
La langue d’expression est libre. Au choix de celui qui parle, que ce soit en créole, changana, malgache, indu, vietnamien ou français. C’est la singularité qui prime ».