Scénariste et réalisateur d’origine réunionnaise, Yoann Jean-Charles est installé à Paris. En 2008, il signe « Nuit de Grève ». Par téléphone, il a accepté de revenir sur ce premier long métrage qu’il a autoproduit et tourné en six jours !
OI>Film : Tout d’abord, pourriez-vous nous raconter comment est née l’histoire de « Nuit de grève » ?
Yoann Jean-Charles : Cette histoire m’a été inspirée par deux épisodes. Il y a d’abord eu, une image qui m’est venue lorsque je suis descendu dans le métro à Paris après une soirée. À une certaine heure, il y règne une ambiance un peu bizarre. Et donc, j’ai imaginé une scène : celle d’un homme qui descend les escaliers du métro avec cette atmosphère, comme si le temps était suspendu.
Ensuite, il y a cette anecdote qui m’est arrivée à Baltimore aux États-Unis. Je me suis perdu dans un quartier un peu chaud de la ville et j’ai dû retrouver mon chemin.
Voilà comment est née l’histoire de « Nuit de grève ».
OI>Film : Que signifie ce titre d’ailleurs ?
Yoann Jean-Charles : La raison pour laquelle le héros descend du train c’est parce qu’il y a un problème : une grève. C’est le point de départ de son odyssée. Et ensuite, rien de va se passer comme prévu. Quand il y a une grève, rien ne se passe jamais comme prévu.
OI>Film : Pourquoi avoir choisi un héros d’origine coréenne ?
Yoann Jean-Charles : Je cherchais un personnage originaire d’un pays peu commun afin que l’on sente qu’il est vraiment paumé. La barrière de la langue aussi était importante. J’aurais pu mettre en scène un héros d’origine africaine, mais, je n’avais pas envie que l’on associe cette histoire avec une thématique liée à l’immigration, ça aurait été forcément le cas. Puis, je trouve que l’on voit peu d’acteurs asiatiques dans le cinéma français et enfin, j’adore le cinéma coréen…
OI>Film : La photographie dans « Nuit de grève » est très grise, quelle était votre intention ?
Yoann Jean-Charles : En effet, j’ai demandé à mon directeur de la photographie, Benjamin Minel, qu’il y ait peu de couleurs afin d’aller avec la peinture triste de l’histoire et de la situation. S’il y avait eu plus de couleurs, je pense que l’on aurait moins senti le désarroi et l’inquiétude d’être plongé dans la banlieue. Voilà pourquoi tout est dé-saturé et peu coloré.
OI>Film : L’histoire n’est pas très joyeuse, mais alors : fin heureuse ou pas ?
Yoann Jean-Charles : Selon moi, oui. La fin est optimiste et le héros, drôle et maladroit. J’ai choisi de terminer sur une fin ouverte afin de laisser le choix à chacun d’imaginer la suite.
OI>Film : Quel message avez-vous souhaité faire passer dans ce film ?
Yoann Jean-Charles : Aucun à vrai dire. On me pose souvent la question, c’est normal. Mais selon moi, un film ne doit pas forcément véhiculer de messages. J’aime raconter des histoires. Par contre, j’ai des intentions comme montrer la banlieue et des décors que l’on voit peu. J’ai voulu également démontrer que l’on peut produire des films de qualité professionnelle sans beaucoup de moyens ( 8 000€ pour Nuit de grève, NDLR).
OI>Film : Que s’est-il passé pour « Nuit de grève » depuis sa sortie en mai 2018 ?
Yoann Jean-Charles : Il a été projeté à La Réunion et c’est tout. J’ai fait le choix de le faire vivre sur les plateformes de Vidéo à la Demande (VOD) en France, à La Réunion (sur www.OI>Film.com) et à l’international.
OI>Film : Où en êtes-vous aujourd’hui, des projets en cours ?
Yoann Jean-Charles : Je continue à écrire des scénarios, pas mal de fictions que je propose aux producteurs. En même temps, je candidate pour des ateliers d’écriture pour les séries télé françaises, les grosses plateformes comme Netflix, Appel, Disney, s’implantent en France et je ne veux pas louper le coche ! De plus, à la rentrée je vais donner des cours de cinéma dans un lycée en banlieue parisienne.
OI>Film : Pas de tournage en perspective ?
Yoann Jean-Charles : Bientôt j’espère ! Je suis en train de peaufiner la structure d’un scénario que je présente à un producteur. Il s’agit d’un drame sur la difficulté de faire son deuil. Il y a un peu de fantastique dans cette fiction ce qui m’a permis de le présenter à différents concours pour le film de genre français. Je travaille également sur l’écriture d’une comédie.
OI>Film : Le projet de revenir à La Réunion bientôt ?
Yoann Jean-Charles : Je viens l’année prochaine. À vrai dire j’ai un projet pour La Réunion, celui de créer une série TV à partir de fait-divers réunionnais. J’aimerais proposer aux réalisateurs et scénaristes de l’île que chaque épisode soit écrit et réalisé par des personnes différentes. Un peu comme la série « Black Mirror », il n’y a pas de continuité entre les épisodes et les univers sont toujours très différents. J’aimerais coordonner tout cela, reste à trouver une boîte de production qui souhaite m’accompagner dans ce projet. Je lance l’appel !
Un pro du cinéma généreux et connecté !
Yoann Jean-Charles ne se contente pas de travailler dans son coin. Alors qu’il s’apprête à donner des cours de cinéma aux lycéens à la rentrée prochaine, le scénariste alimente un blog. Il y partage conseils, ressources et autres informations pratiques sur le métier de scénariste et le monde du cinéma.
En outre, sur son site internet, www.yoannjeancharles.com, il publie ses projets en cours, expose ses réalisations et propose également le visionnage gratuit de son premier court métrage : « Disparition ».
Pour cela, il suffit de se rendre sur le site et d’envoyer un message au réalisateur afin qu’il partage le mot de passe.
Retrouvez l’univers de Yoann Jean-Charles sur les réseaux sociaux, Facebook (https://www.facebook.com/YoannJEANCHARLES) et Instagram (https://www.instagram.com/yoannjeancharles/). Le film « Nuit de grève » possède également sa page Facebook (https://www.facebook.com/NuitDeGreve).