Iman Djionne est réalisatrice. Installée à Dakar, elle planche actuellement sur l’écriture de son premier long-métrage et va bien tourner son second court-métrage.
Parce que les cinémas d’Afrique sont en plein essor, OI>Film est particulièrement fier d’accueillir des oeuvres de nos voisins africains telle qu’Iman Djionne, qui ont beaucoup d’histoires à raconter. Alors qu’elle vient d’achever une résidence d’écrite en Afrique du Sud, Iman a accepté de répondre à nos questions.
OI>Film : Comment vous est venue l’idée de La Boxeuse ?
Iman Djionne : De mon grand-père. Il a été, avant les indépendances, champion de France et champion d’Europe de boxe. Ce qui m’a touché, intrigué, c’est qu’à 90 ans aujourd’hui, il est toujours autant obsédé par la boxe que lorsqu’il l’a découvert quand il avait une douzaine d’années. La flamme est toujours présente. Cela m’a fait réfléchir sur mon envie de cinéma à moi et comment ça m’est venue. Le personnage était un jeune boxeur au début, mais en allant en repérages à un gala de boxe, j’ai aperçu une jeune fille faire une démonstration avec son coach pendant la pause. C’était comme une évidence, le personnage devait être une fille.
OI>Film : Y a-t-il un message ? Une morale ?
Iman Djionne Une morale non ! Je n’aime pas parler de morale ou faire passer des messages moralisateurs. C’est une exploration du thème de la passion, comment ça nous vient, à un moment où on ne s’y attend pas et comment ça peut obséder, d’où la métaphore de ces gants mystiques. Je voulais aussi parler de cette jeunesse sénégalaise, et africaine, qui regorge de talents, mais qui, faute de moyens, d’opportunités, d’accès, restent des talents insoupçonnés. Si Adama n’était pas sortie dans la rue à ce moment-là, peut-être qu’elle n’aurait pas découvert cette passion et ce talent en elle.
OI>Film : C’est votre premier court métrage, en avez-vous réalisé d’autres après ?
Iman Djionne Je m’apprête justement à en réaliser un nouveau dans les mois qui viennent. Après ‘La boxeuse’, que j’ai écrit, réalisé, produit, monté et distribué, il m’a fallu un peu de temps pour passer à autre chose. J’ai fait pas mal de castings entre temps et réfléchit à d’autres projets, dont celui d’un long que je suis en train d’écrire et un court que je m’apprête à tourner.
OI>Film : Le premier rôle de la boxeuse, est une danseuse, Aminata Sarr… c’est une spécialité un peu aux antipodes de la boxe, pourquoi ce choix ?
Iman Djionne Je savais que je voulais une non-professionnelle, d’ailleurs des actrices expérimentées de cet âge-là, il n’y en a pas beaucoup. Le rôle demandait quelqu’un d’athlétique mais les boxeuses ne sont pas nombreuses ici. De toute façon, le personnage découvre ce monde donc il ne me fallait pas forcément une experte en boxe. Je me suis d’abord dit de chercher une athlète puis peu à peu mon choix s’est tourné vers une danseuse parce que la danse allie les deux éléments que je cherchais, le côté sportif mais surtout le côté interprétation. Aminata Sarr, qui tournait pour la première fois, était naturelle et a compris rapidement le fonctionnement et le rythme d’un tournage.
OI>Film : Vous avez fait le choix en 2012 de rentrer au Sénégal pour travailler dans le cinéma, pourquoi ce choix ? Etes-vous toujours installée là-bas ?
Iman Djionne : Je suis née à Dakar où j’ai grandi jusqu’à l’obtention de mon bac. Je suis partie ensuite à l’étranger pour mes études et je suis tout simplement rentrée une fois mes études terminées. Le cinéma a toujours été une évidence pour moi, même pendant mes études. J’ai suivi une petite formation en réalisation et donc à mon retour, je suis rentrée dans le milieu, petit à petit, en touchant un peu à tout : production, assistante réalisateur, à côté de la réalisation de clips et autres contenus audiovisuels et de mes projets personnels. Maintenant, je fais surtout du casting en parallèle, une activité que j’apprécie beaucoup car elle va de pair avec la réalisation.
OI>Film : Quel regard portez-vous sur le cinéma d’Afrique ? Et sur le cinéma du Sénégal ?
Iman Djionne : Le, ou plutôt les cinémas d’Afrique, sont en plein essor en ce moment. Au Sénégal, comme dans beaucoup d’autres pays sur le continent, il y a une véritable envie, un vrai besoin de raconter nos histoires, de sortir de certains clichés, etc. Le cinéma est d’ailleurs plus accessible maintenant grâce à des équipements moins coûteux que dans le passé, grâce au numérique. Je suis assez confiante en l’avenir même s’il reste beaucoup à faire en terme d’organisation de l’industrie, formations, réseaux de distribution, etc.
OI>Film : Quelle est votre actualité ?
Iman Djionne : Je développe en ce moment mon premier long-métrage de fiction. Je viens d’ailleurs de finir la résidence d’écriture « Realness » en Afrique du Sud. Sinon je prépare également un autre court pour un tournage prévu avant la fin de l’année.