« Culpabilis », le premier court-métrage de Pierre Erudel. Mis en ligne gratuitement, il devient une merveilleuse carte de visite qui se partage sans modération.
Comme une sorte de sas de bienvenue vers un chemin artistique que ce talent réunionnais, porté par Cinékour, est en train de tracer. Pour OI>Film-magazine, Pierre Erudel nous plonge dans les conditions du tournage de « Culpabilis ». Du fait maison, en un temps reccord et dans l’urgence !
OI>Film : Comment est née l’idée de Culpabilis ?
Pierre Erudel : Pour le scénario, j’ai réfléchis deux mois à une idée, mais rien ne me plaisait, c’était compliqué pour moi de faire tenir une histoire en trois minutes et qu’elle soit réalisable. Comme je participais au concours de Canal+, j’avais une échéance. Or trois jours avant la date butoir, je n’avais plus le choix : il fallait à tout prix faire ce film, c’est alors que l’aventure commence !
OI>Film : C’est donc un premier film, réalisé seule, dans l’urgence, ça a du être l’angoisse, racontez nous un peu…
Pierre Erudel : Le vendredi soir, j’ai acheté un vieux berceau et une poupée sur le Bon Coin, puis direction la Plaine des Palmistes. C’est là où je réalise la plupart de mes œuvres au calme. (Pierre Erudel est originaire de La Plaine des Palmistes, NDLR). En effet, l’ambiance qui y règne me met dans un état particulièrement créatif. Je m’étais donc dit que j’allais créer une histoire avec ces deux objets, j’ai fais des tests…Rien ne me plaisait. J’étais dégoûté.
Samedi, 20 heures, j’ai donc décidé d’écrire tout simplement une discussion entre ma mère et moi. Je me fixe alors un cadre à respecter : une seule scène en champ contre champ, avec une histoire dans une histoire. Du coup, le dimanche vers 2 heures du matin, j’écris cette fameuse histoire qui, sur le coup m’a fait vraiment flipper ! Je me suis dis : ok j’ai ce qu’il me faut. Si l’histoire me prend au tripes, c’est bon signe.
OI>Film : Du coup, votre maman joue son propre rôle dans le film ?
Pierre Erudel : À 8 heures du matin, le dimanche, je me réveille et j’annonce en effet à ma mère qu’elle devra jouer dans le court-métrage car c’est la seule personne présente et que le scénario est écrit pour elle !
OI>Film : Vous avez aussi tourné chez elle ?
Pierre Erudel : Pour le lieu j’ai tourné dans la cuisine de ma tante décédée quelques jours auparavant. Cela a joué sur la mise en scène et l’état des acteurs car il y a une certaine ambiance qui se crée, quelque chose qui se ressent au-delà de l’écran. J’ai donc tourné le film le dimanche après-midi avec un Canon 5D, mon téléphone comme micro, deux mandarines en lumière artificielle et ma femme supervisait les enregistrements.
On a tourné en deux heures. Après Je suis allé à mon studio, J’ai monté le film et réalisé les effets spéciaux le soir-même pour le livrer plusieurs heures plus tard. « Culpabilis » a été écrit, réalisé et produit en deux jours quasi seul. Mais bon il faut dire que je m’entraîne un maximum pour pouvoir prétendre réaliser ce type de performance.
OI>Film : On le décrit comme un film d’horreur, d’accord ?
Pierre Erudel : C’est un film d’horreur métaphysique. Je voulais faire peur mais avec quelque chose de réaliste, j’ai cherché tout simplement à matérialiser un sentiment étrange, qui est ni bien, ni mal. Ce sentiment de culpabilité est donc devenu un mauvais esprit, une sorte de double. Tu peux ne pas croire aux fantômes, mais CULPABILIS tu ne peux pas le nier. Ce film fait partie de ma trilogie du dédoublement.
OI>Film : C’est quoi votre recette pour faire peur en 3 minutes ?
Pierre Erudel : Je voulais que pendant 2’50 minutes, on écoute attentivement sans cligner des yeux ! Tout est dans la construction de cette discussion qui reste technique : je joue sur le rythme, l’emploi d’images mentales avec un certain réalisme.
OI>Film : « Culpabilis » a été récompensé, qu’est-ce que ça représente ?
Pierre Erudel : J’ai obtenu deux prix : Second Prix du court métrage amateur fantastique Canal+ Réunion et Prix d’interprétation CINÉ KOUR.
Les prix donnent avant tout de l’énergie et ça peut t’aider pour d’éventuelles collaborations. « Culpabilis » voyage beaucoup à travers la France grâce à Cinékour.
OI>Film : Ce court-métrage est à la disposition de tous sur internet, gratuitement, pourquoi ?
Pierre Erudel : Ce film est mon point de départ, c’est très important pour moi de donner un accès gratuit via internet à mon univers. Il faut exister à l’intérieur de cette réalité virtuelle, du simulacre.
OI>Film : Il paraît qu’un second court métrage est sur les rails ?
Pierre Erudel : Tropikal Monsters, produit par Blackstone Films, est un film de série B nouvelle génération. Il est le second film de la trilogie avec « Culpabilis ».
Ne manquez pas !
Son site porfolio a découvrir sur www.pierre-erudel.com
Propos recueillis par Laurène Mazier