Anaïs Charles-Dominique est journaliste et réalisatrice. Elle a signé plusieurs documentaires sur la société réunionnaise. Dans « Maloya j’écris ton nom », elle a souhaité entrer dans l’intimité de deux personnalités fortes du monde du maloya. Christine Salem et Oliver Araste nous livrent ainsi leur vision d’une culture qui leur est chère.
Anaïs Charles Dominique a accepté de revenir sur ce film alors qu’elle est en plein bouclage de son prochain documentaire. Un film qui traite de la leucose bovine qui met à mal l’élevage réunionnais.
OI>Fim :Pourquoi avoir eu l’envie de faire un film sur le maloya, c’était une envie de montrer au grand public que le maloya c’est pas juste une musique folklorique ?
Anaïs Charles Dominique : Dans la lignée de notre travail sur la culture et l’identité, il était logique d’aborder ce thème. Nous avons choisi l’angle du Maloya comme pratique musicale mais aussi spirituelle. Il s’agissait d’aborder cet aspect peu traité jusqu’ici. L’ambition était d’interroger deux artistes contemporains de Maloya sur leur vision de la musique et sur leur philosophie de vie plus largement.
OI>Film : Est-ce un documentaire sur le maloya ou sur Christine Salem et Olivier Araste ?
Anaïs Charles Dominique : Ni l’un ni l’autre. C’est un documentaire qui présente la vision du maloya de deux artistes.
OI>Film : Pourquoi avoir choisi ces deux artistes précisément ?
Anaïs Charles Dominique : Nous avons choisi ces artistes parce que nous apprécions leur musique et leur état d’esprit. Ils ont également beaucoup de succès à travers le monde et c’était intéressant de pouvoir les accompagner en tournée pour comprendre comment leur musique est reçue à l’étranger.
OI>Film : Vous suivez les artistes en tournée, dans l’intimité de leurs familles, dans des lieux qu’ils affectionnent, en répétition… ça a été facile de les convaincre de vous permettre de faire cela ?
Anaïs Charles Dominique : Nous avons pris le temps de leur présenter notre démarche et ils ont accepté assez facilement de nous livrer leur intimité.
OI>Film : On ressent la nostalgie d’une époque lontan à La Réunion, c’est ça aussi le maloya : une époque révolue ?
Anaïs Charles Dominique : Le Maloya est loin d’être révolu, il est au contraire porté par de nombreux artistes de la scène actuelle. Il est totalement vivant et peut porter toutes sortes de messages, dont la nostalgie, mais pas spécifiquement.
OI>Film : Pourquoi démarre ce doc depuis une vue sur la ville ?
Anaïs Charles Dominique : J’ai souhaité ancrer les personnages dans leur environnement : la cité des Camélias pour Christine Salem et le quartier de Paniandy au milieu des champs de canne pour Olivier Araste. Ces deux univers marquent nos personnages, les englobent et les portent également de manière symbolique.
OI>Film : Combien de mois faut-il pour réaliser un documentaire tel que celui-ci ?
Anaïs Charles Dominique : Entre l’idée et la livraison du film il faut compter un an ou deux en général.
OI>Film : Le passé, la culture, les problématiques sociales sont au cœur de votre filmographie. Quel regard portez vous sur La Réunion d’aujourd’hui ?
Anaïs Charles Dominique : Ce serait difficile de résumer cela en quelques lignes ! Je n’ai pas la prétention d’avoir une vision d’ensemble mais je dirais juste que la société réunionnaise est un sujet de documentaire passionnant : riche et en perpétuel mouvement.
OI>Film : D’où puisez vous votre inspiration ?
Anaïs Charles Dominique : L’inspiration peut venir de discussions avec les chaînes de télévision qui donnent parfois des orientations, de l’actualité et de l’air du temps ou bien de sujets qui m’intéressent personnellement. Quand on choisit un thème, il faut être prêt à travailler dessus pendant une longue période donc autant être passionné !
OI>Film : Vous êtes en train de travailler sur votre prochain documentaire, vous pouvez nous en dire un peu plus ?
Anaïs Charles Dominique : Il s’agit d’une enquête sur l’affaire de la leucose bovine, cette maladie des vaches qui n’a jamais été combattue à la Réunion alors qu’une réglementation nationale est en vigueur à ce sujet. Le film parlera du malaise qui touche l’élevage bovin de la Réunion.
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