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Clémentine Dusabejambo : un cinéma qui a du sens

Elle est jeune, belle et bourrée de talent. Clémentine Dusabejambo vit et travaille au Rwanda. Scénariste, réalisatrice elle porte de nombreuses autres casquettes qui lui permettent de travailler et de vivre de sa passion pour le cinéma. Alors qu’elle continue de développer son premier long métrage, Clémentine nous parle de ses deux derniers courts « Icyasha » et « Une place pour moi » et de sa vision d’un cinéma africain puissant et lourd de sens, en pleine effervescence. 

Tout d’abord, parlez nous un peu de vous, vous êtes une jeune réalisatrice et vous arborez déjà un joli parcours…
Mon mon est DUSABEJAMBO Marie Clementine, ça fait presque 11 ans que je fait du cinema, à la base je suis ingénieur en électronique et Télécommunication.

D’où vous vient votre passion pour le cinéma ?
Je ne pense pas que je serais cinéaste si mes amis d’enfance ne m’avaient pas introduite dans ce métier. Grâce à eux j’ai pu participer à une compétition de scénario organisée par Tribeca Film institut en 2010 et grâce au prix que j’ai gagné, j’ai pu produire mon premier court-métrage “ Lyiza”. J’ ai un faible pour les histoires qui racontent la vie quotidienne des gens ordinaires, des gens comme moi avec qui nous partageons les expériences humaines. De ceux qui se battent pour avoir une vie meilleure. Ce qui me motive et me permet de rester vivante dans ce métier malgré les difficultés et les défis, c’est parce que l’on va à la rencontre des gens, de leurs histoires, avec toutes les émotions qui vont avec. Ça m’inspire, non seulement en tant que cinéaste, mais aussi en tant qu’être humain. Cela me donne plus de raisons de continuer. C’est comme ça que j’apprends. Les connaissances que j’ai du cinéma, je les ai eues directement en travaillant sur divers tournages et en participant dans les ateliers d’écriture de scénario Comme SUD ECRITURE de Dora BOUCHOUCHA en Tunisie ou encore l’atelier de Haile Germa en Egypte.

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Scène tirée de « Icyasha » de Clémentine Dusabejambo.
 

Travaillez vous dans le cinéma à temps pleins ?
Oui, même si ça demande de faire des compromis, le cinéma c’est un domaine très large : sur mes projets je travaille en tant que scénariste et réalisatrice et aussi je produis des films de commande (NGOs). Je travaille également sur les projets de boîtes de production étrangères souvent en tant que chercheuse, assistante producteur et traductrice, mon dernier projet est celui des Séries documentaires “ Why We hate?” produit par Steven Spielberg et Alex Gibney.

« Icyasha » et « Une place pour moi » mettent en scène des enfants, pourquoi ?
J’adore les enfants, leur innocence est la preuve qu’un environnement tolérant peut exister dans notre monde. C’est dommage qu’à un certain âge, cette innocence se perde. 
Aborder de tels sujets à travers le regard d’un enfant, c’est un défit que je me suis lancée, parce que travailler avec eux ça demande un certain niveau de patience. Il y a aussi des mots qu’on ne peut pas mettre dans la bouche d’un enfant. Un enfant, c’est pas une personne que tu vas presser, on doit se mettre à leur rythme et les suivre. C’est à travers les yeux d’enfance que l’on découvre le monde avec une sensibilité, des émotions très sincères et pures.

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Scène tirée de « Une place pour moi » de Clémentine Dusabejambo.
 

Dans ces deux films, les sujets sont très forts, est ce que c’est nécéssaire pour votre cinéma ?
Les protagonistes de mes films sont des personnages qui se retrouvent dans des conflits qu’ils n’ont pas initiés. Venant d’un pays, Le Rwanda, qui connait le prix de la “ différence”, mon intention de réaliser ces films était de donner une voix aux problèmes qui nous mettes mal à l’aise. Pour moi, c’est primordial de parler des gens que nos sociétés appellent « les autres», ceux qui ne correspondent pas à ce que le monde considère comme «normaux». Des personnes qui doivent se battre, justifier leur existence et leur place dans nos sociétés.

 

 Vous avez réalisé plusieurs courts métrages, pensez-vous au long ?
Oui je travaille déjà sur un long métrage. Je suis en développement c’est avec ce projet que j’ai participé à l’atelier SUD ECRITURE de Dora BOUCHOUCHA en Tunisie grâce à la bourse de développement de « Jeune Création Francophone » et cette année 2020, je serai à Berlin pour une résidence d’ écriture de Ouaga Film Lab. Je suis sur ce projet depuis 2014, C’est un processus très long malheureusement parce que trouver du financement pour nos films reste toujours un problème majeur en Afrique. Il n’y a quasiment pas de financements locaux et nous sommes obligés de nous retourner vers la complexe machine de financement occidentale qui vient avec ses exigences. Pas étonnant, que nous sommes dans un ère où nous avons beaucoup films réalisés par des africains avec des acteurs africains en langue africaine mais la question est de savoir à qui appartient la propriété intellectuelle ?

 

Clémentine Dusabejambo, cinéaste rwandaise.

 

Quel regard portez-vous sur le cinéma au Rwanda et comment évolue-t-il ?
C’est un cinéma qui est dans ses débuts avec beaucoup de défis à surmonter. C’est un milieu dominé par les jeunes qui travaillent jour et nuit par leur propre moyen pour que notre pays soit représenté sur des grands écrans. Parmi eux :  Joël Karekezi (Talon d’or FESPACO 2019) , Kivu Ruhorahoza , Samuel Ishimwe , MUTUYIMANA Liliane , Poupoune Besogna, Kamikaze MPYISI et beaucoup d’autres … L’Afrique a plein d’espoirs pour l’avenir, pour la plupart d’entre-nous, faire des films reste une forme d’expression, plutôt un moyen de se détendre.

Quelle place la femme occupe-t-elle dans le cinéma en Afrique ?
C’est vrai que quand on fait des films ou n’importe quel travail artistique, il y a une partie de qui on est que l’on apporte dans son travail. L’ identité, la culture et diverses expériences de la vie… Tout ça influence notre façon de penser, d’analyser, de construire une argumentation ( que ça soit homme ou femme), je suis trop fière d’apporter ma sensibilité de femme rwandaise dans mes projets. C’est dommage que les femmes restent toujours une minorité dans ce métier mais quand je vois les accomplissent de nos aînés comme Safi faye (Sénégal), Mati Diop (Sénégal) , Ava DuVernay… Ça me donne beaucoup d’espoir pour l’avenir et que ça va changer. C’est une question de temps, les mentalités vont évoluer. Puisque chacune de ces femmes, dans son temps, dans son contexte, a pu prouver que faire des bons films ou accomplir un bon travail, c’est totalement indépendant du genre. Ça demande intelligence et détermination même si, pour nous les femmes, malheureusement à chaque fois on doit justifier pourquoi nous sommes là et on doit travailler deux fois plus.

 

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Laurène MAZIER
Laurène MAZIER
Rédactrice polyvalente et expérimentée
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