dimanche, avril 28, 2024
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Maux d’elle

Un film de Firoza Zahir-Houssen, 17 minutes, Fiction, Drame © 2016.
L’histoire de deux jeune femmes, l’une qui s’accroche à son passé et l’autre qui fait ce qu’elle peut pour s’en débarrasser. Une solution pour passer outre s’offre à l’une d’elle, leurs destins se croisent plus ou moins.

 

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La critique d’OI>FILM

D’un côté, il y a cette jeune femme accrochée à son passé, celui d’une ex-fiancée esseulée attendant désespérément le retour d’un homme. De l’autre, cette autre jeune femme. Prostituée, violée, enceinte, étranglée par les douloureux souvenirs qu’elle ne peut fuir. En toile de fond, un chemin de fer abandonné ouvrant la voie de la souffrance. Ou peut-être, une issus vers la reconstruction ?

L’histoire se passe aujourd’hui à Madagascar et raconte la blessure de deux jeunes femmes trahies, désorientées. Chacune souffre. L’une, d’avoir été abandonnée peu avant son mariage, l’autre, de s’être retrouvée enceinte suite à un viol collectif organisé. Ces deux personnages féminins n’ont pas de nom, comme si ce qu’elles vivaient était une banalité qui arrivait à d’autres. Les deux intrigues se croisent, mais ne se rencontrent quasiment pas.

La caméra suit ces deux jeunes femmes qui errent, seules sur un quai de gare ou enfermées dans des chambres dépouillées, lieux de souvenirs pénibles. Le film questionne la possibilité de l’oubli. Ces deux femmes ne se remettent pas de leur passé, dont les marques restent inscrites dans leur chair. La première garde la cicatrice d’une brûlure de cigarette faite accidentellement par son fiancé. Elle en conserve le mégot comme la trace douloureuse de l’amour perdu. La seconde tente d’effacer un tatouage spécialement gravé pour l’homme qui l’a livrée à d’autres. L’enfant du viol qu’elle porte la ramène sans cesse en arrière. Absorbées dans leur souffrance, les deux protagonistes peinent à agir, à avancer bien qu’une possibilité de se reconstruire s’offre à elles.

La cinéaste prend le parti de montrer, face à un choc, le repli sur sa douleur. Réalisé par une femme, « Maux d’elles » propose peut-être d’interroger d’autres modèles féminins. Du coup, les hommes de l’histoire apparaissent comme des personnages fuyants, anecdotiques, en arrière plan. Le jeu d’acteur est cependant maîtrisé par les deux actrices qui nous touchent, les dialogues sont saupoudrés comme il faut, d’ailleurs, on s’en passerait presque car l’image suffit à susciter l’émotion. La solitude et le désespoir s’expriment avec des larmes justement dosées, seules armes contre le sentiment d’impuissance. Motif récurent qui rythme le récit, la gare oubliée confère à ce film une poésie mélancolique. Sur ce quai déserté revient sans cesse la jeune femme quittée par son fiancé. Parmi quelques enfants qui jouent par terre et qui rappellent la présence de la vie, la femme attend. Rien ni personne ne vient, sinon un fou qui apporte au film un peu de légèreté. Ce personnage déconnecté errant sur la voie ferrée en train de ramasser des cailloux ouvre d’ailleurs le film et le clôture. Comme si la douleur était absurde. Sans issue ?

 

Crtique de Laurène Mazier

Laurène MAZIER
Laurène MAZIER
Rédactrice polyvalente et expérimentée
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