“La curieuse histoire sans cuillère”, un film à voir sur notre plateforme VOD OI>Film. Dans ce court-métrage de fiction, Guillaume Levil et Mathilde Fénétrier abordent le thème de la solitude dans la société par la comédie. Guillaume Levil nous en dit plus.
Interview réalisée par Céline Latchimy-Irissin.
OI>Film : “La curieuse histoire sans cuillère” est une co-réalisation avec Mathilde Fénétrier. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
La vie est un incroyable tumulte de rencontres et de positivité parfois. Sur un de mes premiers films, “Oté” ou sur “La vieille dame qui ne souriait plus”, il y avait une stagiaire : Mathilde Fénétrier. Elle s’est avérée utile et douée sur le tournage. Une jeune fille pleine de vivacité et très intelligente. On s’est très bien entendu et elle est revenue sur tous les tournages d’après. D’abord, pour faire assistante caméra et puis c’est devenu son métier. Elle est réalisatrice désormais. Mais avant qu’elle devienne réalisatrice, lorsqu’elle était encore étudiante, je lui ai dis mais attends, il faudrait qu’on fasse un film. Et puis en fait on en a fait deux : un premier qui était en fait un exercice, et le deuxième c’est celui-ci : La curieuse histoire sans cuillère.
OI>Film : Comment s’est passé le travail de co-écriture et de co-réalisation ?
Cette co-réalisation, je l’ai trouvée très intéressante. Personne n’a eu de regrets au moment du résultat. On a su se partager les rôles. Avec Mathilde, on a co-écrit le scénario. Moi, je suis devenu par la suite scénariste et je co-écris désormais quasiment tous mes projets pour des réalisateurs ou des réalisatrices ; mais à l’époque, “La curieuse histoire sans cuillère” faisait partie des premiers projets que j’écrivais en co-écriture. On a tous les deux fait nos armes. Ensuite on l’a tous les deux co-réalisé. Pour l’instant, j’ai eu du bol. Je n’ai jamais fait de co-écriture qui s’est mal passée car chacun a toujours su s’adapter. Le principe d’une co-écriture, c’est que si on l’écrit tout seul, ça donne un bon résultat, mais quand on l’écrit à deux, c’est mieux.
Il y a deux choses qui me stimulaient : la première était de faire un film à la Bertrand Blier, c’est-à-dire complètement en dehors des réalités, mais qui traduit un sujet fort. La deuxième chose, c’est que je voulais deux plans séquences. On a fait les deux plus beaux plans séquences que j’ai fait de ma vie pour l’instant. J’espère que j’en ferai d’autres qui sont mieux mais même si le film est un peu vieux, je suis toujours content de ces plans-là. Et ça, c’est grâce à la ténacité de Mathilde et le fait que l’on s’entende.
OI>Film : Peux-tu nous parler de ton film, “La curieuse histoire sans cuillère” ?
Nous, on voulait faire un film sur la solitude de société. Cette thématique était la chose qui était importante. On est tellement bizarre, nous, les humains. On a quand même réussi à faire d’une société, en sachant qu’une société c’est vivre ensemble, où on construit la solitude. C’est incroyable quand on y songe. Un oxymore. On s’est demandé comment on pouvait parler de ce thème avec des gens qui se cherchent toute la journée mais qui ne trouvent jamais car la société n’a rien à leur donner pour s’extraire de cette solitude ; créée par la société elle-même. On parle d’un sujet fort et triste avec humour, voire carrément du burlesque. Je crois que je n’ai jamais fait un film aussi décalé. “Résurgence Commode” qui est décalé, je pense qu’il est moins décalé que “La curieuse histoire sans cuillère”. Je pense que l’humour, c’est la seule chose qui peut sauver l’humanité. L’humour, c’est de l’intelligence brute. Quelqu’un qui a de l’humour ne se prend pas la tête et il ne jugera pas son prochain.
OI>Film : Comment s’est passé le tournage, en terme technique mais aussi en tant que direction d’acteurs ?
On a fait un casting et déjà, on a eu du bol de tomber exactement sur les personnes faites pour le rôle. Et comme techniquement c’est compliqué de faire uniquement deux plans séquences, il a fallu que l’on fasse des répétitions à Montpellier, là où on a tourné, alors que tout le monde était de Paris. Il n’y avait que Mathilde qui était de Montpellier. Donc on a payé les billets deux fois pour les comédiens : pour les répétitions et pour le tournage. Il fallait que l’on répète sur place pour être juste dans les dictions, le déplacement des corps… C’est ça qui était difficile pour les acteurs. Il fallait être aussi bon dans les intonations, les attitudes et les placements corporels par rapport à la caméra. Quand tu fais du plan séquence, les placements corporels c’est quelque chose en plus. Quand tu fais des plans séquences, le travail se fait en amont du tournage. Le jour du tournage, on était prêt. Le tournage a d’ailleurs duré deux jours car il y a deux plans séquences et la scène d’intérieur. Ensuite, le film est fini et pourtant, il dure 14 minutes.
OI>Film : Quelles étaient les aides pour financer le film ?
À l’époque, comme Mathilde était étudiante, elle a pu profiter d’aides liées à son statut. Moi, j’ai profité des aides de la ville où j’étais fixé quand j’étais plus jeune.
Le making-off du film :