Davy Techer est auteur réalisateur Réunionnais. Actuellement, il travaille sur un projet de long métrage d’animation péi, “Zéléman”. Rencontre.
Interview réalisée par Céline Latchimy-Irissin.
“J’ai fait mes études à l’ILOI il y a 10 ans déjà, pour rentrer dans l’animation. C’était un rêve. Avant ça, je faisais d’autres choses : caissier, assistant parfumeur, j’ai travaillé dans des laboratoires pharmaceutiques…” se remémore Davy Techer, gérant de Rouggail production, société qu’il a monté pour faire de l’animation à La Réunion. Récemment, le réunionnais a lancé un crowdfunding pour que son dessin animé, “Zéléman”, voit le jour. Si l’objectif n’a pas été atteint, il ne baisse pas les bras. Avec son co-gérant, ils comptent refaire une campagne l’année prochaine “et on espère qu’il y aura plus de gens qui vont participer”.
OI>Film : Parlez-nous de “Zéléman” (élément en français).
C’est un film d’animation en deux parties. À l’origine, je préparais mon concours d’infirmier. Avec des amis, on révisait ensemble et on se posait la question sur la place de La Réunion dans le monde. Les gens en France ne connaissent pas trop l’île. Ailleurs, ils ne la connaissent pas du tout.
Ce dessin animé, qui sera en 2D, style manga, c’est pour faire connaître La Réunion et les Réunionnais, qui font partie intégrante de l’île. Le pitch, c’est un parcours initiatique de Raïssa, David, Benjamin, Emma et Assan, dans la lutte contre le mal et le rétablissement de l’écosystème de La Réunion. Il y a cinq personnages car ils représentent les 5 ethnies qu’il y a ici : cafres, chinois, arabes, malbar, yab. C’était pour mettre tout ce métissage en avant. Montrer aussi que malgré les différences de religion, de couleur de peau, on peut travailler ensemble. Les personnages vont rencontrer des esprits qui représentent des éléments, d’où le titre. Les esprits vont donner leurs pouvoirs aux personnages. Avec ça, ils doivent empêcher la résurrection du démon qui a été enfermé il y a plusieurs siècles auparavant sur l’île.
OI>Film : Quelle a été votre source d’inspiration ?
Nous sommes comme le démon en question. Le démon maltraitait physiquement les esprits et nous, nous maltraitons les esprits aussi : on fait la même chose avec la pollution. Ce dessin animé, c’est pour faire prendre conscience aux gens que cette terre n’est pas acquise, il faut la chérir et faire attention à elle. « Zéléman » s’adresse à tous, à partir de 8 ans car il faut tout de même connaître le principe de la mort.
OI>Film : À quelle étape du projet êtes-vous ?
On est à la phase création d’une maquette de 20 minutes. Elle servira à convaincre un diffuseur : télé ou plateforme VOD. Ça va nous prendre deux ans pour faire le film. On va essayer de travailler avec 500 000 euros, et avec une équipe 100 % réunionnaise car il y a trop de chômage ici. Pour le doublage, on a Kaf Malbar, Katiana Castelnau, Matthieu Dafreville, Maroni, Emmanuelle Ivara… On veut mettre en avant les talents d’ici et il y en a pleins ! Pour la musique, on travaille avec des gens comme Jean-Luc Trulès et son fils.
OI>Film : Quel est votre avis sur la place de l’animation à La Réunion ?
Il y a tout à faire. Il n’y a pas assez d’industries par rapport au nombre d’élèves qui sortent chaque année de l’ILOI. J’ai créé ma propre boîte de production pour créer mon propre dessin animé et travailler pour le local, pour que les Réunionnais puissent rêver et s’identifier aux personnages. À terme, l’objectif est de faire rentrer « Zéléman » dans les mœurs et industrialiser notre métier.