Bertrand Guerry est le co-réalisateur du film “Le prince de la Valiha”. Sa collaboration avec Thibaut Ras, l’histoire de Rajery… Rencontre.
Propos recueillis par Céline Latchimy-Irissin.
Co-réalisateur, avec Thibaut Ras, du film “Le prince de la valiha”, “ça fait 25 ans que je fais de l’image et j’ai fait une douzaine d’année en tant qu’assistant réalisateur sur des longs métrages de cinéma, aussi bien de Gaël Morel, Jean-Pierre Sinapi ou encore Philippe Grandrieux” explique Bertrand Guerry. “J’ai ensuite basculé depuis 13 ans sur la réalisation de documentaire de création”.
OI>Film : Pourquoi ce portrait ?
On a rencontré Rajery au détour de son travail qui est autour de cet instrument : la vali. Il y avait des producteurs de musique qui produisaient son album. C’est donc une rencontre par la musique, par la sonorité et par l’interrogation de savoir comment c’était produit. Très vite, on a voulu le rencontrer. On a quelqu’un qui, au-delà des épreuves qu’il a vécues, continue à sourire et à jouer de son instrument. On se demandait ‘pourquoi il fait ça ? Qu’est-ce qu’il veut défendre et qu’est-ce qu’il écrit dans ses musiques ?’ Et là, on découvre Rajery totalement engagé, qui habite loin de Tananarive, et qui a envie de rien lâcher sur la déforestation, sur la culture musicale, qui a un engagement auprès des écoles, qui aide les hôpitaux à s’implanter.
Avec Thibaut, on décide d’aller à Tananarive et de vivre avec lui, à ses côtés afin de voir ce qu’il essaie de faire bouger. On avait envie de mettre en avant tout son lexique musical et cet instrument traditionnel réalisé avec des câbles de vélo. C’est un film joyeux où on voit des gens faire des choses. Rajery essaie de rendre la vie, et pour lui, et pour les autres, meilleure.
OI>Film : Comment s’est passée cette co-réalisation ?
Avec Thibaut Ras, on a fait plusieurs films ensemble, dont celui-ci. On avait un regard complémentaire. Ça s’est fait très naturellement, comme un parcours de vie. Après, on a chacun notre manière de travailler. Lui était plus à la caméra, moi un peu plus avec les personnages. C’est un équilibre. Ensuite, on monte, on étalonne et on finit le film ensemble.
Le prince de la valiha (copyright : Mitiki)
OI>Film : Avez-vous des nouvelles de Rajery ?
À l’heure d’aujourd’hui, pas spécialement. Mais à travers l’œuvre, il existe encore dans mon cœur. Je suis connecté par sa musique. Quand on est documentariste, on vient s’infiltrer dans la vie des gens, dans une œuvre et c’est indestructible. Rajery fait partie de moi maintenant.
OI>Film : Pensez-vous que la musique peut être un vecteur de communication ?
Oui, mais c’est la culture de manière générale qui nous permet de réfléchir, d’avancer et de changer les lignes. Là, la musique nous transporte quelque part, dans un univers qui va vers le développement. Rajery, sa musique c’est aussi pour parler au monde, pour parler de ce qui est défaillant et de ce que l’on peut développer.