jeudi, avril 25, 2024
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Les Guéniot : la grosse interview

Cette semaine,  OI>Film présente « La Vengeance du poulet » de Nicolas Guéniot. L’occasion de le rencontrer lui et l’un de ses associés d’Evil Ways Productions, Benjamin Guéniot. En ce moment, ils réalisent une série pour Antenne Réunion, « Welcome on board » qui sera diffusée dès la fin d’année. Benjamin continue de faire vivre son dernier court « Simp Rapid » et Nicolas prépare son prochain à la fin de l’année.

À quand un Guéniot au cinéma ? 

Avant de rencontrer Nicolas et Benjamin, on s’imaginait qu’ils étaient frères. Or, pas du tout ! Si Benjamin possède bien un frangin qui porte le prénom de Nicolas, il n’a rien à voir avec l’autre, le réalisateur. Et pourtant, les deux hommes affichent une belle complicité que ce soit à la vie ou dans le travail. Entre les films corporate, les clips musicaux et la publicité, ces passionnés de cinéma continuent de mettre la barre toujours un peu plus haut avec des productions léchées et l’ambition de produire, bientôt, un long métrage qui osera se frotter aux productions internationales ! En attendant la consécration, nous avons rencontré Benjamin et Nicolas Guéniot autour d’un café pour une interview croisée sans détour.

OI>Film :  Avant de commencer, pourriez-vous vous présenter mutuellement ?
Nicolas Guéniot : Oula, j’ai pas révisé moi… (rires)
Benjamin Guéniot : Je te présente Nicolas Guéniot, jeune auteur et réalisateur réunionnais de 43 ou 42 ans.
Nicolas Guéniot : 27 ans.
Benjamin Guéniot : Il fait des films depuis très longtemps et il y a une dizaine d’années, il a monté sa boîte Evil Ways Productions avec un pote à lui qui se nomme Sébastien Combeau. Avec cette boîte, ils ont commencé par faire de la Pub parce que c’est ce qui se rapproche le plus de la fiction et qui permet de faire entrer de l’argent. Nicolas Guéniot est passionné par la fiction, mais pas que : il y a aussi la musique, il est le leader des Showdus, il aime aussi dessiner et écrire. Mais il a une grosse envie de cinéma, c’est le but d’Evil Ways Production et tout l’investissement et les bénéfices vont dans cette envie de cinéma et donc dans le matériel de cinéma. Du coup, aujourd’hui, il possède un beau parc matériel qui lui permet de réaliser des films réalité cinéma. Il a donc réalisé plusieurs cours métrages dont la trilogie La malédiction du poulet 1, 2 et la Vengeance du Poulet. Fin d’année, le nouveau court-métrage de Nicolas Guéniot sortira et il n’est pas mal du tout : Super Cawette et parallèlement à ça, il écrit beaucoup. Il a réalisé trois saisons de la série Kaz Péï pour la télé. On co-réalise en ce moment une série sur Antenne Réunion où on va beaucoup rigoler et qui sera diffusée en fin d’année à la télévision. Et enfin, Nicolas Guéniot a écrit de nombreux longs-métrages en espérant qu’il y en a un qui sera réalisé prochainement.
Nicolas Guéniot : Voici donc Benjamin Guéniot, qui n’est pas mon frère. (Rires). Avant que l’on bosse ensemble, on se connaissait très peu. Je savais qu’il y avait un autre Nicolas Guéniot sur l’île et il se trouve que c’est le frangin de Benjamin … Et puis, c’est en participant aux Kino, que je vois le nom de Guéniot au générique d’un des petits films projetés. À l’époque Benjamin Guéniot était ingé son chez Antenne Réunion. Il a beaucoup appris parce que dans cette boîte, tu mets les mains dans le cambouis et on te fait apprendre les métiers de l’audiovisuel que ça te plaise ou non. Et du coup, il s’est retrouvé à faire de la réalisation. Ça lui a bien plu et du coup, il a également commencé à faire des petits films avec son frère qui lui était à l’écran. Bref, on s’est dit OULALALA…
Benjamin Guéniot : « ça sent mauvais »
Nicolas Guéniot : Mais non on ne s’est pas dit ça sent mauvais, mais y a de la concurrence les mecs ils ont juste à copier le nom… (Rires). Là-dessus, il monte sa boîte de production en quittant Antenne Réunion. C’était en 2009 et il réalisait des émissions Mode et Tendances sur Réunion Première. De notre côté, chez Evil Ways on faisait des grosses pubs et puis on a fini par se rapprocher en se prêtant du matériel pour bosser jusqu’à ce qu’on lui dise d’arrêter de faire l’andouille dans son coin et de venir bosser avec nous chez Evil Way Productions. C’est vrai qu’il a dix ans de moins que nous et il apporte un peu de fraîcheur dans le truc … Et du coup, on a eu fusionné nos deux boîtes en 2013. Cette même année on a monté une filiale à Madagascar. On a pu bosser encore plus, acheter encore plus de matos plus vite.

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Benjamin et Nicolas Guéniot ont signé une nouvelle série sur Antenne Réunion, « Welcome on board » qui s’inscrit dans la lignée de Kaamelott, ça promet ! 

 

OI>Film : C’est important pour vous le matériel cinéma…
Nicolas Guéniot : le but pour moi est de faire du cinéma et si on a une pauvre petite caméra, on n’est pas crédible si on veut passer dans les cinémas. Notre ambition était donc d’atteindre un bon niveau en matériel et ensuite se dire qu’un jour on passera le pas pour ne faire vraiment que du cinéma.

OI>Film : À vous deux, vous avez déjà réalisé un certain nombre de courts-métrages, c’est bien du cinéma …
Benjamin Guéniot : Oui, mais on n’en vit pas. Les courts-métrages nous permettent de nous tester, de tester le matériel, de tester les techniciens, les comédiens, etc … Je pense qu’on le ressent dans l’évolution de nos courts-métrages, que ce soit dans la qualité technique et même dans les scénarios. En fait, on fait des courts-métrages dès qu’on a une petite pause parce qu’on a cette envie de tourner. Après, Nico et moi on écrit des scénarios de longs dans notre coin, on les développe petit à petit et peut-être que l’année prochaine, on en tournera un ! Ça se met doucement en place. Il suffit d’un élan, de la bonne rencontre et ça peut aller vite !

the real pusssy« The real pussy baby », Benjamin Guéniot. 2016. Voir le film sur OI>Film
 

OI>Film : Vous écrivez également beaucoup pour la télé, vous pouvez nous en dire plus ?
Benjamin Guéniot : Nous avons écrit trois saisons de Kaz Péï, un programme court type Scènes de ménage. Et là, nous venons de signer avec Antenne Réunion pour la première saison d’un nouveau programme.
Nicolas Guéniot : C’est aussi un format court et comique, mais ce sera différent de ce qu’on avait fait avant. On est sur de la fiction pure et dure.
Benjamin Guéniot : Ça s’appelle « Welcome on board » et on suit une compagnie aérienne très très « low cost » qui se nomme Air Lines Compagnie et ce sont donc les aventures du personnel jusque dans la tour de contrôle. C’est de la comédie.
Nicolas Guéniot : Et pour l’esprit, on se rapproche de « Kamelott », c’est notre référence. On a 120 épisodes de 3’30 minutes à diffuser jusqu’à mai 2020. C’est un gros projet pour nous et surtout on va acquérir beaucoup d’expérience en écriture et en direction d’acteurs aussi !
Benjamin Guéniot : Et y a huit premiers rôles !

OI>Film : Est-ce que l’on doit quitter la Réunion pour faire du cinéma ?
Nicolas Guéniot : À mon sens pour l’instant le cinéma réunionnais n’existe pas. Si on enlève les documentaires, les courts, les moyens et tout ce qui est expérimental… il ne reste rien. Ce que j’appelle le cinéma réunionnais c’est un film bien ficelé qui pourrait s’afficher parmi d’autres films du cinéma grand public, diffusés largement.
Benjamin Guéniot : Il faut tout de même reconnaître que ça bouge pas mal depuis une dizaine d’années. Il y a de plus en plus de films qui viennent se tourner à La Réunion, c’est top parce que ça forme les techniciens et les comédiens, il y a de plus en plus d’auteurs de courts qui essayent de porter des projets. Il y a des cinéastes réunionnais et on espère tous pouvoir en faire un métier et en vivre… Un jour, il y aura un cinéma réunionnais. On le sent !

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« La Vengeance du poulet », Nicolas Guéniot, 2014. Voir le film sur OI>Film. 

 

OI>Film : Vous possédez le même univers. Est-ce une coïncidence ?
Nicolas Guéniot : On n’a pas tout à fait le même univers !
OI>Film : Il y a quand même des points communs…
Benjamin Guéniot : On a commencé tous les deux sur le film de genre, mais on possède une sensibilité différente.

OI>Film : Nous allons donc procéder au même exercice : je vous demanderais donc de présenter les sensibilités de l’un et de l’autre.
Nicolas Guéniot : Oula, c’est pas simple. Vas-y commence.
Benjamin Guéniot : Je dirais qu’on a des références communes : Tarantino. D’ailleurs c’est rigolo parce que l’on cite beaucoup Tarantino, quand je vois un film de lui, j’ai tout de suite envie de faire un film, mais par contre, j’ai beaucoup de mal à revoir les films de Tarantino. Du coup, on a commencé tous les deux par le film de genre, car je pense que c’est le plus simple à réaliser. On peut se permettre plein de faiblesses et ça fonctionne quand même. Esthétiquement, on aime les mêmes choses, mais pour parler sensibilité, Nico a un humour très efficace alors que moi je vais aller chercher plus de l’émotion, un poil plus doux.
Nicolas Guéniot : Quand des agences de pub nous proposent des scénarios, on sait tout de suite si c’est pour Ben ou si c’est pour moi. Le glamour c’est pour lui, si c’est décalé c’est pour moi. J’aime quand c’est trash et surtout quand les gens se disent que là je suis allé trop loin !

OI>Film : Pourtant, Benjamin a réalisé « The Real Pussy Baby » et il est à la fois trash et rock… Pas très doux, ni glamour …
Nicolas Guéniot : Certes, mais il cherche l’émotion quand même.
Benjamin Guéniot : C’est sur que le scénario parle d’un viol donc c’est très violent et je l’assume… En fait, j’ai eu l’idée du film lors d’un concert organisé par Nico. Donc finalement, The Real Pussy Baby n’est pas un bon exemple pour illustrer mon univers (Rires).

OI>Film : Question pour les jeunes qui rêvent de cinéma : comment devient-on réalisateur en 2019 ?
Benjamin Guéniot : Je pense que c’est plus facile de nos jours qu’en 1999. Aujourd’hui, on peut même tourner avec un smartphone ! En 2009, je payais 6 000 euros une caméra et je n’avais pas l’image d’un iPhone par exemple. Donc le seul conseil que je peux donner pour apprendre à réaliser, à filmer, monter, diriger … C’est en faisant ! Donc, prends ton téléphone et va filmer tes potes. Écris une petite histoire, mets-la en scène et c’est là que tu verras si tu es bon ou pas et comment tu peux évoluer. Et puis, on a la chance à La Réunion de pouvoir taper à la porte des chaînes de Télévision. Moi je ne connaissais personne et personne ne me connaissait… j’avais 20 ans et les mecs ici, t’ouvrent la porte, ils regardent alors qu’en métropole tu n’as pas accès à ces portes-là. Et pour les boîtes de productions, c’est pareil !

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« Simp Rapid », Benjamin Guéniot 2018. Bientôt sur OI>Film ! 

 

OI>Film : Votre rêve la tout de suite ?
Nicolas Guéniot : Avoir un film à l’affiche à côté d’un blockbuster et du dernier Dany Boon, être meilleur que le dernier Dany Boon et jouer dans la cour des grands et mériter d’y être.
Benjamin Guéniot : Ça fait rêver d’autant plus que l’on sent que c’est accessible. On est prêts, il nous faut juste un peu d’argent. On n’en est pas loin.
Nicolas Guéniot : En tout cas ce qui est sûr, c’est que niveau qualité d’image on est au max de ce qui se fait, on a ce qu’il faut, on sait gérer la lumière et le son… alors quand je pourrai faire mon premier long, je sais que ce sera du sérieux, je ne serai plus dans la déconnade comme avec les courts-métrages, le film que je veux réaliser sera un drame sur fond de drogue, de sexe et de rock’n’roll à la croisée de Transpotting et Requiem for a dream avec beaucoup d’émotions, pour une fois, et pas du tout de rires…

OI>Film : Un mot sur le prochain court-métrage de Nicolas Guéniot ?
Nicolas Guéniot : Super Cawette sortira à la fin de l’année, il fait 10 minutes et c’est pour le coup de la grosse déconnade. C’est l’histoire d’un super héros qui a le pouvoir de permettre aux personnes qu’il touche de manger des arachides … L’image sera digne d’une grosse production et l’histoire complètement décalée. Quoi qu’il en soit on continue à faire des courts pour s’éclater, pour continuer à progresser afin d’être prêts à faire du vrai cinéma.

OI>Film : Vous avez l’air plutôt prêts …
Nicolas Guéniot : Il nous manque plus que l’argent. T’as combien sur toi ?

OI>Film : Benjamin, un mot sur Simp Rapid pour terminer, où en est ce film ?
Benjamin : Il continue à tourner dans des festivals, mais ce qui est important pour moi c’est qu’il soit vu surtout à La Réunion. Il sera d’ailleurs projeté à la prochaine Nuit du Court-métrage à Champ Fleury.

Voir tous les films de Nicolas Guéniot en VOD

La malediction du poulet 1 (Gratuit) 

La malediction du poulet 2 (Gratuit) 

La Vengeance du Poulet 

Voir les films de Benjamin Guéniot en VOD

The real pussy baby 

 

 

 

Laurène MAZIER
Laurène MAZIER
Rédactrice polyvalente et expérimentée
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