Une jolie fable inspirée de l’univers de Pagnol, tournée dans le sud sauvage de La Réunion. Une histoire sensible d’un petit garçon qui récolte ce qu’il ne mérite pas. Une anecdote marquante qui se meut en vocation. On vous en dit plus ?
C’est une petite maison nichée dans un écrin de verdure. Les oiseaux chantent, les poules bien dodues picorent l’herbe verte et grasse, les grenouilles font trempette dans la rivière et le soleil brille de mille feux. L’image est douce, patinée aux couleurs tendres. Un enfant sort de la maisonnette en bois, il semble heureux. On découvre sa maman portant un bébé et son papa s’affairant au jardin. Le garçon et son père s’enfoncent dans les bois, direction la rivière pour pêcher et chasser. On imagine que c’est comme cela qu’ils se nourrissent. On sait que l’on est dans le souvenir d’un homme dont le visage plan, très serré, ouvre le film. On sait que l’histoire a été tournée à La Réunion, on reconnaît aisément Grand Galet et la Rivière Langevin où « Vocation » a été tourné entièrement. Mais la référence réunionnaise s’arrête là. En effet, le réalisateur a souhaité baigner son film dans une ambiance à la Pagnol. Ainsi, La Réunion devient anecdotique. Les costumes, l’atmosphère bucolique et même les animaux représentés dans « Vocation » n’ont rien à voir avec notre île et c’est complètement assumé. Le père cueille même des cerises et il chasse le faisan au lance-pierre…
Les cinéphiles auront noté le format carré de « Vocation ». Là encore c’est un parti pris : « Il s’agit du format des débuts du cinéma. Le cadre s’élargit en 16/9 quand on passe à l’image tres télé bling bling du stade olympique. Cela souligne encore le contraste entre le monde du père et celui que le fils s’est forgé », explique Bérangère Condomines (Lacoupure Prod) qui a produit Vocation .
Dans cette fable, l’univers de Pagnol transpire et intensifie le propos : la relation père fils. La volonté de rendre l’un fier et l’autre, un bon élève de la vie. Parce que c’est ça le centre de « Vocation » dont l’histoire est inspirée de l’expérience personnelle du réalisateur. « Arno Ximenes a écrit ce film grâce à son fils. À l’époque, Arno vivait en marron dans une petite maison en bois sous tôle à Saint-Leu. Un soir, alors qu’il faisait à manger, son petit garçon a voulu l’aider et a essayé d’allumer le feu sous la marmite. Arno lui a passé une soufflante lui expliquant que c’était dangereux. Il a alors capté le regard de son fils chargé d’incompréhension. Tout ce qu’il voulait lui, c’était aider », nous a confié Bérangère Condomines. Un marmaille qui pensait bien agir et qui obtient l’effet inverse de ce qu’il s’attendait à recevoir… Un souvenir empli de sensibilité pour un film qui l’est tout autant.