Documentaire réalisé par Frédéric Lambolez et Jean-Marie Pernelle, « Le monde de Chez TiKaf » propose une photographie de l’épicentre du quartier pêcheurs de l’Ermitage. Oui, il demeure bien un quartier créole, un coin « lontan », dans cette station balnéaire, fleuron réunionnais du tourisme les pieds dans l’eau. TiKaf ou TiCafe selon l’appellation officielle, c’est un lieu de vie où bat le cœur d’une Réunion d’antan, confrontée aux changements et aux contraintes du monde contemporain. Et de tout ce que cela amène dans son sillage.
Laurène Mazier
Direction le littoral Ouest de l’île de La Réunion. Plages au sable blond, lagon, hôtels de luxe et autres établissements branchés. Un casino, un marché forain touristique, des boutiques de standing, des villas inabordables et pléthore d’immeubles…Il fleure à l’Ermitage, une ambiance très « Côte d’Azur ».
En plein cœur de ce haut lieu du tourisme balnéaire, se niche un petit quartier créole. Ici, le temps ne s’est pas arrêté mais les habitants tentent de conserver, encore un peu, de ce que fut l’âme de cet ancien village de pêcheurs. La boutique chinois Chez TiCafe reste le nerf névralgique du coin. Si l’épicerie n’a pas su résister face à la concurrence des supermarchés, le bar reste ouvert. Souvent jusque tard dans la soirée.
Le documentaire, « Le monde de chez TiKaf » nous propose une tranche de vie de ces hommes et de ces femmes qui gravitent autour de la petite boutique lontan. La caméra se pose dans le quotidien de Réunionnais nostalgiques et inquiets pour l’avenir de leur mode de vie créole. « Laissés pour compte », « démunis », les locaux se retrouvent dans l’incapacité de profiter des avantages que leur offre leur village natal. Aujourd’hui, il leur a échappé. Et pourtant, malgré les combats à mener, malgré l’amertume, ce petit monde là garde le sourire.
Avec cet humour propre aux Réunionnais, les voisins de TiKaf racontent leur espoir : leur boutique ne fermera pas. Le fils aîné perpétuera l’affaire, ainsi que ses enfants après lui … La route semble pour le moment toute tracée mais jusqu’à quand ? Dans le regard du futur patron, on décèle les envies de voyages, de musique et beaucoup de mélancolie. Finalement, à quoi bon continuer quand on peut trouver une activité plus rémunératrice et moins contraignante ?
« Le monde de Ti Kaf » nous raconte tout cela. Un art de vivre à la créole en voie de disparition d’un côté. De l’autre : les responsabilités à porter, au détriment de ses propres rêves.