Françoise Ellong fait partie de la nouvelle vague du cinéma Africain. La jeune réalisatrice a déjà plusieurs films à son actif dont un long métrage, W.A.K.A d’une puissance et d’une maturité surprenante. Françoise Ellong, lorsqu’elle ne tourne pas, travaille pour des festivals de renom international, elle mène également l’organisation de « Le Film Camerounais Awards » alias LFC Awards qu’elle a créé il y a deux ans. Une cérémonie qui vise à récompenser les talents du cinéma de son pays. Passionnée par le continent africain et ses cinémas, la belle ne compte pas s’arrêter là. Elle a accepté de nous parler d’elle et de ces projets. Rencontre.
Vous êtes une jeune cinéaste Camerounaise, combien de film avez vous à votre actif ?
J’ai neuf courts-métrages et deux longs-métrages à mon actif à ce jour. Le 2ème long est actuellement en post production.
Votre premier long métrage a reçu plusieurs distinctions à l’international, qu’est-ce que ça représente pour vous et quel impact est-ce que cela a eu sur la suite de votre carrière ?
Toutes les distinctions et même chaque sélection de « W.A.K.A » ont changé ma vie sur le plan professionnel. Le film m’a permis de gagner en légitimité, mais aussi en assurance car j’ai énormément appris grâce à cette première expérience et cela a mûri indéniablement mes envies de Cinéma. Quant à ma carrière, cet engouement autour du film a créé de magnifiques rencontres et a ouvert des portes pour différents projets en tant que réalisatrice, mais aussi comme scénariste.
Comment vous est venue l’envie de raconter cette histoire ?
« W.A.K.A » est né d’une discussion à table avec des ami(e)s où à un moment donné l’un des convives a porté un jugement sur une femme en estimant qu’elle n’était pas une bonne mère. J’ai été assez choquée et intriguée. Je me suis demandée s’il y a un mode d’emploi quelque part qu’il faudrait suivre à la lettre pour avoir le label de « bonne mère » ou alors le simple fait de se soucier du bien être de son enfant suffisait …
Au delà de l’histoire de cette femme qui va se prostituer pour subvenir aux besoins de son fils, quel est le message que porte W.A.K.A ?
« W.A.K.A » porte un message altruiste et surtout, a pour objectif de pousser les spectateurs à toujours voir plus loin que les apparences. C’est facile de juger les autres, mais on ne devrait jamais le faire sans tenir compte de la vie de celui ou celle qui se trouve en face de vous et ce peu importe qui il ou elle est. Nous sommes des êtres intelligents et éduqués et trop souvent, nous nous comportons totalement à l’inverse ne serait-ce que du bon sens, pour ne parler ni d’éducation ni à nouveau d’intelligence.
C’est un film touchant et fort, voire même plutôt mature pour une jeune réalisatrice, est-ce que c’est quelque chose que l’on vous a déjà dit ?
J’ai réalisé ce film à 24 ans. Je me souviens de la Première à l’ouverture du Festival Écrans Noirs : ils étaient tous sous le choc car il s’attendait à une femme plus mature physiquement. Cela a certainement joué en ma faveur pour la suite. La presse s’est fascinée de mon parcours et de la manière avec laquelle à cet âge là j’abordais un tel sujet, car en réalité, W.A.K.A parle essentiellement d’une mère prête à tout pour son fils et non de prostitution.
Vous animez un blog lefilmcamerounais.com, quel en est l’objectif ?
Le blog « Le Film Camerounais » a pour objectif la promotion de ce qui se fait de mieux en matière de Cinéma au Cameroun. Une plateforme sur laquelle toutes les personnes qui s’intéressent de près ou de loin au 237Land (côté Cinéma) comme je l’appelle, peut facilement trouver des informations fiables et se rendre compte à quel point le pays compte des talents qui ont du savoir-faire.
Il y a deux ans, vous créez le « Film Camerounais Award », dont la seconde édition s’est tenue en novembre dernier, pourriez-vous nous parler de cet évènement et comment évolue-t-il ?
« Le Film Camerounais Awards » alias LFC Awards est une cérémonie qui récompense justement ce savoir-faire camerounais évoqué plus haut. Une reconnaissance stimulante pour les professionnels du Cinéma et un espace de communion avec le public. L’année 2020 marquera la 3ème Cérémonie et dès la 1ère, l’événement a gagné en prestige. Au fil du temps, elle s’ouvrira à toute l’Afrique sans jamais perdre son identité camerounaise avant tout et de plus en plus de partenaires nationaux et internationaux nous rejoignent. L’objectif est également d’ouvrir de grandes portes aux primés. À ce jour, certains reçoivent de belles propositions ou ont le vent en poupe grâce au LFC Award qu’ils ou elles ont remportés !
Et comme vous semblez hyper-active, vous étiez également programmatrice du festival Écrans Noirs, vous êtes particulièrement investie dans la promotion des cinémas d’Afrique, d’où vous vient cette passion ?
Je suis passionnée par le continent, qui à mon sens rassemble un nombre incalculable de richesses que toute une vie ne peut suffire à explorer. Et quand j’aime, j’aime avec peu de limites et tant mieux si cela se ressent.
Vous êtes actuellement en tournage de votre prochain film, « Enterrés », pourriez-vous nous parler ?
Le tournage de mon 2ème film « ENTERRÉS » s’est déroulé dans un village appelé NKASSOMO près de Yaoundé au Cameroun. Le film est un drame psychologique qui se plonge dans nos traumatismes lorsque nous étions des enfants et l’impact qu’ils ont sur notre vie d’adulte. Le film questionne les responsabilités de tout un chacun lorsqu’un drame survient et se mue en traumatisme.